Plus d’une douzaine de « combattants terroristes » ont été « détectés » aux frontières maritimes en Méditerranée

« Alors que l’attention du monde sur la sécurité frontalière est largement centrée sur les frontières aériennes et terrestres, les menaces potentielles pour la sécurité maritime reçoivent moins d’attention », fit valoir Patrick Stevens, le directeur de la section contre le terrorisme d’INTERPOL, durant l’été 2018.

Et cela d’autant plus, avait encore souligné M. Stevens, que les déplacements éventuels des combattants terroristes étrangers « inquiètent tous les pays membres d’INTERPOL qui continuent de surveiller le départ et le retour de leurs ressortissants dans différentes zones de conflit. »

Ce responsable avait alors justifié le lancement de l’opération Neptune I, menée par la France, l’Algérie, l’Italie, le Maroc, l’Espagne, et la Tunisie, avec le soutien l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes [FRONTEX], d’Interpol et de l’Organisation mondiale des douanes. Il s’agissait alors de surveiller de très près les routes maritimes entre l’Afrique du Nord et l’Europe du Sud.

À l’issue de la première semaine de cette opération, les bases de données d’Interpol avaient été sollicitées à 350.000 reprises, ce qui permit la détection de « quatre combattants terroristes étrangers présumés » ainsi que le « localisation d’une personne disparue. » Le bilan final de cette opération, qui consistait notamment à vérifier les identités et les informations figurant sur les passeports des voyageurs, ne fut pas communiqué, y compris dans le rapport annuel d’Interpol.

Quoi qu’il en soit, l’opération Neptune a été reconduite cette année, précisément entre le 24 juillet et le 8 septembre [période qui correspond à la haute saison touristique], avec les mêmes acteurs qu’en 2018. Et, contrairement à l’an passé, INTERPOL en a donné le résultat.

« L’opération Neptune II visait les menaces posées par ces individus soupçonnés d’utiliser les liaisons maritimes entre l’Afrique du Nord et l’Europe du Sud pendant la haute saison touristique », a commencé par rappeler l’organisation. « Avec le soutien d’une équipe d’INTERPOL sur le terrain, l’opération s’est appuyée sur le renseignement criminel pour viser les réseaux criminels impliqués dans la traite des êtres humains, le trafic de migrants, d’armes à feu et les stupéfiants », a-t-elle ajouté.

Au total, plus de 1,2 millions de recherches ont été effectuées dans les bases de données d’Interpol, spécialisées dans les documents de voyage dérobés ou perdus, les données criminelles ou encore les véhicules volés… Ce qui a permis « l’ouverture de 31 nouvelles enquêtes, dont plus de douze liées à la circulation de personnes soupçonnées de terrorisme. »

À noter qu’Interpol parle de « combattants terroristes étrangers détectés » et non « intepellés » [ce qui ne veut pas dire qu’ils ne l’aient pas été].

« Lorsque l’information est partagée entre les régions sur les réseaux internationales d’interpol, chaque vérification, contrôle ou fouille aléatoire aux frontières peut permettre de faire avancer une enquête terroriste », a expliqué Jürgen Stock, le secrétaire général de l’organisation basée à Lyon. « Cela met clairement en évidence le rôle fondamental du ‘système d’alerte’ mondial d’INTERPOL qui perturbe les déplacements de personnes liées à des activités criminelles et terroristes », a-t-il ajouté.

Actuellement, les bases de données d’INTERPOL contiennent des renseignements « détaillés » sur plus de « 50.000 combattants terroristes étrangers et environ 400.000 éléments d’informations relatives au terrorisme. » Elles sont en partie alimentées grâce à des échanges d’informations avec les forces armées [dispositif Mi-Lex et projets Vennlig et Hamah] ainsi que par le projet FIRST [Facial Imaging, Recognition, Searching and Tracking – imagerie et reconnaissance faciales, recherche et suivi de visages], lequel a été étendu aux pays du G5 Sahel [Tchad, Mauritanie, Niger, Mali, Burkina Faso].

Le communiqué d’INTERPOL ne donne pas de précisions sur ces « combattants terroristes étrangers » détectés lors de l’opération Neptune II. Mais lors d’une « brève » publiée à l’occasion d’une rencontre de son chef avec les dirigeants du G5 Sahel, l’organisation a indiqué que « les données biométriques recueillies et partagées dans le cadre du projet FIRST ont d’ores et déjà donné lieu à des correspondances entre des individus jusque-là sans rapport, au Sahel et dans d’autres régions. »

Photo : INTERPOL

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