Le budget britannique de la Défense annoncé en hausse de 2,6%

Secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche et frère du Premier ministre britannique, Boris Johnson, Joseph Johnson a dit placer l’intérêt national avant la « loyauté familiale et annoncé, ce 5 septembre, son départ du gouvernement. Une démission qui donne une touche toute shakespearienne à la tragi-comédie qui se joue actuellement à Westminster, où les députés se disputent au sujet du Brexit [départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, ndlr].

En quelques heures, Boris Johnson [dit « BoJo »] a subi deux camouflets de la part des parlementaires, dont certains appartiennent [ou appartenaient] à la majorité. Face aux travaillistes, qui attendent leur heure, aux libéraux-démocrates, fermement opposés au Brexit, et aux conservateurs qui ne savent plus trop sur quel pied danser, le Premier ministre britannique a dû avaler quelques couleuvres…

Ainsi, contre l’avis du gouvernement, la Chambre des communes a voté un texte demandant le report du Brexit jusqu’au 31 janvier 2020 en cas d’absence d’accord avec l’Union européenne. Et elle a également refusé l’organisation de législatives anticipées, qui auraient sans doute permis à Boris Johnson de disposer d’une majorité à sa main [mais ce genre de pari s’avère toujours difficile à gagner…].

Quoi qu’il en soit, c’est dans ce contexte que Sajid Javid, le Chancelier de l’Échiquier [le ministre britannique du Trésor et des Finances], a décrété la « fin de l’austérité » en présentant le projet de budget pour l’exercice 2020-21.

Ainsi, chaque ministère verra progresser ses ressources à un rythme plus soutenu que celui de l’inflation et les dépenses publiques britanniques ont été annoncées en hausse de 13,8 milliards de livres sterling. Mais le principal bénéficiaire devrait être le service public de santé [NHS] puisqu’il est question de le doter de 6,2 milliards de livres supplémentaires. Il est prévu un effort particulier en faveur de l’éducation et de la sécurité intérieure, avec le recrutement de 20.000 policiers.

Quant au ministère britannique de la Défense [MoD], son budget progressera de 2,6% en termes réels [soit de 2,2 milliards de livres [2,45 milliards d’euros] si le projet présenté par M. Javid est adopté. Cette hausse sera la bienvenue étant donné les programmes d’équipements en cours [F-35, SNLE Dreadnought, blindés Boxer, etc].

En janvier 2018, le National Audit Office [NAO] avait évalué qu’il manquerait, au mieux, 4,8 milliard, ou, au pire, 20,8 milliards de livres sterling, au MoD pour financer ses acquisitions durant la période 2017-2027.

« Un financement supplémentaire de 2,2 milliards de livres sterling mis à la disposition des forces armées britanniques garantira leur capacité à continuer de se moderniser et à faire face aux menaces en constante évolution […]. Cela garantit que le gouvernement continuera à aller au-delà de son engagement à augmenter le budget de la Défense de 0,5% en termes réels, le Royaume-Uni continuant à dépasser l’ objectif de l’ Otan [2% du PIB, ndlr] », est-il expliqué dans les documents budgétaires.

Quelques jours plus tôt, le Chancelier de l’Échiquier avait plaidé en faveur d’un tel effort en expliquant que, « en quittant l’UE », le Royaume-Uni sera « profondément déterminé à jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale » et à « veiller à pouvoir agir lorsque cela sera nécessaire ». Et d’assurer que le Trésor fera en sorte que les forces armées britanniques soient de « classe mondiale » et les « mieux financées d’Europe. »

À noter que, outre-Manche, et contrairement aux pratiques françaises, les dépenses liées aux opérations extérieures ne sont pas financées par les forces britanniques mais par une « Réserve spéciale » du Trésor, dont le montant est évalué chaque année par le MoD [Main Estimate].

Cela étant, au vu du contexte politique actuel, ces chiffres avancés par M. Javid ne sont pas encore gravés dans le marbre. Et s’il a justifié cette hausse de la dépense publique par les marges de manoeuvres laissés par la nette réduction des déficits depuis 2010, quelques ombres planent sur l’économique britannique. Au second trimestre, le PIB du Royaume-Uni s’est contracté de 0,2%… Et s’il se réduit à nouveau au cours du troisième, alors le pays sera officiellement en récession.

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