Des proches d’aviateurs néerlandais déployés dans les pays baltes ont été harcelés par téléphone

Fin décembre 2018, le ministère belge de la Défense a indiqué que les soldats devant être envoyés en Estonie, dans le cadre de l’opération « enhanced Forward Presence » [eFP] de l’Otan, allaient être privés de leurs téléphones portables personnels.

« Nous savons que la Russie s’interesse » aux « données mobiles » de géolocalisation », avait expliqué, à l’époque, un officier responsable des opérations au sein de l’état-major belge.

Effectivement, collecter les données de géolocalisation peut être utile pour suivre les mouvements des troupes et connaître leur position exacte à l’instant T. Qui plus est, des affaires liées à des applications de suivi d’activités sportives, tilisant les fonctionnalités GPS des smartphones, avaient défrayé la chroniques quelques mois plus tôt.

Mais, a priori, la restriction imposée aux 250 militaires belges « projetés » en Estonie avait une autre motivation, si l’on en croit l’universitaire britannique Keir Giles, expert des questions de sécurité relatives à la Russe et conseiller à l’Institut royal des affaires internationales [Chatham House]. Ainsi, dans un entretien donné au site Military.com, il a affirmé que des proches de pilotes néerlandais de F-16 avaient été harcelés par téléphone en 2017.

Cette année-là, la force aérienne néerlandaise avait envoyé 4 avions F-16AM à Šiauliai, en Lituanie.

L’affirmation de Keir Giles repose sur un article publié le 9 août dernier par le quotidien De Telegraaf. « Soudain, début 2017, les épouses et les petites amies des pilotes de F-16 néerlandais ont été appelées par téléphone. De l’autre côté de la ligne se trouvait quelqu’un qui posait des questions déplaisantes sur leur présence dans les États baltes », a en effet révélé le journal, soulignant que, pour les militaires, « le harcèlement de membres de leur famille est une horreur absolue. »

D’après les confidences qu’il a reçues, De Telegraaf a expliqué que ce harcèlement a commencé après que les aviateurs déployées en Lituanie ont appelé leurs familles avec leur propre téléphone.

« Les épouses et les petites amies ont ensuite reçu des appels de personnes à l’accent russe qui demandaient ce que leur mari faisait là-bas » [en Lituanie] et « s’ils n’avaient pas mieux à faire », a avancé le quotidien néerlandais.

Le renseignement militaire neérlandais [Militaire Inlichtingen- en Veiligheidsdienst – MIVD] a confirmé ces informations mais a refusé d’en dire davantage. De son côté, la Russie, via le site Sputnik, a répondu à ces accusations par l’ironie. « Décrites souvent comme rusées et discrètes, les opérations de la Main du Kremlin semblent voir leur niveau se dégrader : il aurait sans doute mieux valu se présenter comme un espion russe dès le début », a-t-il écrit.

En tout cas, cela explique les restrictions qui ont été imposées par la suite aux soldats néerlandais envoyés dans les pays baltes au titre de la présence renforcée de l’Otan. Ces derniers, comme leurs camarades belges, ne peuvent plus utiliser leurs propres téléphones portables et la connection Wi-FI ne leur est autorisée que sur les réseaux militaires. Pour appeler leurs proches, il doivent se procurer une carte prépayée munie d’une carte SIM locale.

Cela étant, d’après l’expert britannique, de tels incidents seraient désormais « réduits, mais non empêchés, par une prise de conscience accrue de la menace et des mesures de sécurité ». Et d’ajouter : « Les méthodes de ciblage du personnel de l’Otan peuvent avoir changé pour devenir indétectables, échangeant l’intimidation contre une exploitation secrète. »

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