Pour financer ses dépenses militaires, la Suède va taxer ses banques

Avec l’intensification des activités militaires russes dans son environnement immédiat [et même dans son espace aérien, avec l’attaque simulée de deux de ses bases lors du congé pascal de l’année 2013, et de ses eaux territoriales], la Suède a relancé ses effort de défense.

Ainsi, ce pays a rétabli le service militaire [abandonné en 2010], remilitarisé l’île de Götland, stratégique car elle verrouille la mer Baltique, repris en main son industrie de défense, jusqu’alors négligée, renoué avec les exercices militaires de grande ampleur et remis au goût du jour son concept de défense totale.

Et le gouvernement suédois a même fait une croix sur les recettes qu’il pouvait espérer en mettant aux enchères des fréquences hertziennes convoitées par les groupes de télécoms. « Nous devons nous assurer que les opérateurs impliqués dans la sécurité, la défense et la santé soient en mesure de communiquer et d’échanger des informations d’une manière efficace et sûre », avait-il expliqué, en novembre 2016.

Dans le même temps, le débat sur l’opportunité de rejoindre l’Otan a repris de la vigueur dans le pays. Mais, pour le moment, Stockholm a surtout renforcé ses coopérations militaires avec ses voisins et en a noué d’autres, notamment avec le Royaume-Uni et les États-Unis. Et la Suède va prochainement rejoindre l’Initiative européenne d’intervention [IEI] lancée par la France afin de développer une culture stratégique européenne.

Évidemment, cette politique s’accompagne d’une hausse du budget alloués aux forces armées suédoises. Et il est question d’augmenter ce dernier de 5 milliards de couronnes [463 millions d’euros] d’ici 2022 et de 5 autres milliards par an entre 2022 et 2025. Et cela, pou le porter à 84 milliards de couronnes [7,7 milliards d’euros]

Pour financer cet effort, le gouvernement suédois a eu une idée, qui pourrait faire des émules ailleurs en Europe : taxer les banques.

« Les banques doivent maintenant participer à renforcer les capacités de défense du pays », a en effet déclaré Peter Hultqvist, le ministre suédois de la Défense, lors d’une conférence de presse. Et de faire observer que les « quatre plus grandes banques ont enregistré un bénéfice de 112 milliards de couronnes l’an dernier. »

Son homologue des Finances, Magdalena Andersson, a expliqué qu’une taxe bancaire allait être mise en place. « Les banques font de gros bénéfices et peuvent contribuer davantage qu’elles ne le font maintenant », a-t-elle justifié. « Il est raisonnable que les banques participent et paient, car le secteur financier peut causer de graves dommages à l’économie. Nous avons vu cela en 2008 », a-t-elle ajouté.

Certains économistes expliquent, comme le fit Gunther Capelle-Blancard dans les colonnes de Challenges en 2013, qu’un « secteur financier hypertrophié ne contribue plus à la croissance » car « il expose à des crises dont les conséquences économiques et sociales sont lourdes. » Et d’ajouter : « Plus taxé, le secteur bancaire retrouverait une taille raisonnable, celle qui le remettrait au service de l’économie réelle. Les questions de fiscalité et de régulation financière sont encore aujourd’hui trop déconnectées. »

Qui plus est, à part les banquiers, personne ne devrait s’opposer à cette taxe. Du moins, c’est ce qu’ont affirmé les deux ministres, lesquels ont estimé que « l’opinion publique est favorable à une taxation plus importante du secteur financier. » Réguler le secteur financier tout en finançant un effort bugétaire important pour les forces armées… Fallait y penser.

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