Israël accuse l’Iran d’aider le Hezbollah à accélérer la production de missiles de « haute précision » au Liban

Le 25 août, deux mini-drones « kamikazes » ont visé un « centre des médias » du Hezbollah, la milice chiite soutenue par Téhéran, situé à Dahiyeh, au sud de Beyrouth [Liban]. Un seul de ces appareils a explosé, causant ainsi des « dommages matériels ».

Les autorités libanaises ont accusé Israël d’être à l’origine de cette attaque, le président du pays, Michel Aoun, l’ayant qualifiée de « déclaration de guerre ». Et de réaffirmer « le droit des Libanais à se défendre par tous les moyens contre une agression ». Quant au Hezbollah, il a menacé l’État hébreu de représailles, par la voix d’Hassan Nasrallah, son chef.

De son côté, Israël s’est gardé de faire le moindre commentaire… Cela étant, des analystes militaires israéliens ont suggéré que les drones ayant servi à viser le bâtiment du Hezbollah était de facture… iranienne.

Mais d’après le quotidien britannique The Times, l’objectif de ces deux appareils aurait été de détruire un « mélangeur vertical planétaire » servant à produire du carburant solide pour des missiles et une unité de contrôle informatisée fournis à la milice chiite par l’Iran.

A priori, le mélangeur était la cible principale de cette opération prêtée à Israël. Cet équipement aurait été livré par avion depuis l’Iran, puis stocké à Dahiyeh avant d’être transféré vers une usine servant à produire des missiles de haute précision pour le compte du Hezbollah.

D’où les propos tenus le 29 août par le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, le porte-parole des forces israéliennes. « Leur plan est de convertir de ‘stupides’ roquettes en missiles de haute précision », a-t-il dit en évoquant l’arsenal du Hezbollah.

Cette accusation n’est pas nouvelle. En septembre 2018, à la tribune des Nations unies, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait déjà affirmé que le Hezbollah cachait des missiles à proximité de l’aéroport de Beyrouth.

« Au Liban, l’Iran a ordonné au Hezbollah de construire des sites secrets pour transformer des projectiles inadaptés en missiles guidés, des missiles qui peuvent frapper en profondeur Israël avec une précision de 10 mètres », avait assuré le chef du gouvernement israélien. Et d’avertir : « J’ai un message pour le Hezbollah. Israël sait ce que vous êtes en train de faire et ne vous laissera pas vous en tirer comme ça. »

Quelques jours plus tard, Hassan Nasrallah confirma que le Hezbollah était en possession de « missiles de haute précision. »

« C’est chose faite. La ‘résistance’ possède [elle-même] des missiles de haute précision […] et des capacités en matière d’armement », avait-il assuré. « Si Israël veut imposer une guerre au Liban, il sera confronté à un destin qu’il n’aurait jamais pu prédire », avait-il ajouté.

A priori, le Hezbollah chercherait, avec l’appui de l’Iran, à transformer des roquettes Zelzal-2 [dérivées des modèles russes 9K52 Luna-M] en missiles de précision en leur ajoutant des kits GPS. En outre, les frappes israéliennes en Syrie, effectuées pour empêcher les transferts d’armes à destination de la milice chiite, auraient contraint Téhéran à localiser la production de missiles longue portée au Liban.

Selon les estimations israliennes, le Hezbollah disposerait de 130.000 roquettes.

« Cette quantité est en soi une menace. Ces roquettes ne sont pas précises, mais si [le Hezbollah] est capable de produire un arsenal de missile guidé […] cela produirait une situation différente et beaucoup plus dangereuse car ils pourraient causer d’énormes pertes humaines et matérielles », a fait valoir le lieutenant-colonel Conricus.

« Le Hezbollah n’a pas encore la capacité industrielle de produire ces missiles guidés de précision… mais il continue [de travailler à cette fin] et ça c’est une menace déstabilisante », a-t-il cependant ajouté.

Ce programme visant à doter le Hezbollah de missiles de « haute précision » serait conduit sous l’autorité de Muhammad Hussein-Zada Jejazi, le commandant du Corps Liban de la Force iranienne al-Qods, l’unité des Gardiens de la Révolution iraniens chargée des opérations extérieures. Il serait assisté par Majid Nua, un ingénieur iranien spécialisé dans les missiles sol-sol, et Ali Asrar Nuruzi, ainsi que par Foud Chokr, un haut responsable de la milice libanaise.

Plus tard, M. Netanyahu a répété ses mises en garde à l’endroit du Hezbollah et des autorités libanaises, accusées de fermer les yeux sur les activités de la milice chiite. « Nous sommes déterminés à empêcher nos ennemis à posséder des armes de destruction. Nous l’avons d’ailleurs cette semaine et aujourd’hui je leur dis : ‘dirbalak’ [prenez garde, en arabe, ndlr] », a-t-il lancé.

En attendant, selon la presse israélienne, Tsahal a annulé toutes les permissions et les autorisations de sortie de ses soldats déployés le long de la frontière avec le Liban. « Les troupes de combat ont ordre de rester dans leurs bases jusqu’à nouvel ordre », a-t-elle précisé.

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