En publiant un cliché pris après l’explosion d’un lanceur iranien, M. Trump a sans doute révélé des secrets militaires

Pour la troisième fois, cette année, l’Iran a échoué à lancer une fusée depuis le centre spatial Imam Khomeini, situé dans le nord du pays. En effet, le 29 août, des images prises par des satellites commerciaux ont montré une colonne de fumée montant dans le ciel depuis le pas de tir. A priori, une fusée à deux étages de type Safir, a explosé sur la rampe de lancement.

La charge utile que ce lanceur devait emporter n’a pas été précisée. On sait seulement que Téhéran avait annoncé son intention de mettre pochainement sur orbite le satellite de communication Nahir-1. Mais d’après le ministre iranien des Télécommunications, Mohammad Javad Azari Jahromi, ce dernier se trouverait dans un « laboratoire ».

Un responsable iranien a ensuite confié à l’agence Reuters, sous le couvert de l’anonymat, que l’explosion du lancer avait été causée par des « problèmes techniques ». Et d’assurer que « les jeunes scientifiques [iraniens] travaillaient à les résoudre.

Étant donné que la succession d’échecs qu’a connus le programme spatial iranien au cours de ces derniers mois et comme les États-Unis ont averti à plusieurs reprises l’Iran de ne pas se livrer à de telles activités, dont la technologie peut servir à développer des missiles balistiques intercontinentaux, certains ont estimé que la dernière explosion ayant eu lieu au centre Khomeini étaient dû à une action américaine.

Comme on ne prête qu’aux riches, il avait été dit, en 2017, que les États-Unis avait cherché à perturber le programme balistique nord-coréen par des cyberattaques…. Avec, visiblement, une efficacité relative.

Quoi qu’il en soit, via Twitter, le président américain, Donald Trump, a assuré que les États-Unis n’étaient « pas impliqués dans le catastrophique accident qui s’est produit lors de derniers préparatifs avant le tir du lanceur de satellite Safir sur le site de lancement N.1 de Semnan ». Et d’ajouter : « J’adresse mes meilleures pensées à l’Iran et lui souhaite bonne chance pour trouver ce qui s’est passé. »

Seulement, le chef de la Maison Blanche a illustré son propos par une photographie montrant le pas de tir iranien et ses environs immédiats après l’explosion du lanceur en question… Et la très haute qualité de ce cliché en noir et blanc n’a rien à avoir avec celle des images satellitaires produites par les entreprises privées spécialisées.

En clair, cette photographie ne peut provenir que d’un service de renseignement… Et il n’est même par certain qu’elle ait été prise par un satellite. En effet, l’angle de vue suggère qu’elle provient soit d’un avion espion [un U2?], soit d’un drone. Ce qui laisse entendre qu’un appareil américain est entré dans l’espace aérien iranien.

Le cliché en question devait très probablement se trouver dans une synthèse du renseignements présentée au président Trump. Le « flash » que l’on devine sur la photographie postée sur Twitter a certainement été émis par son téléphone portable. Évidemment, la diffusion d’une telle image, susceptible de donner des indications sur les capacités américaines, a donné lieu à un début de polémique.

« Nous avions une photo et je l’ai diffusée, comme j’en ai tout à fait le droit », a répondu M. Trump.

Cité par l’AFP, Allison Puccioni, ancienne militaire et spécialiste de l’imagerie satellite, affiliée à l’université Stanford, a estimé que la diffusion d’un tel cliché « semble en décalage avec la politique américaine sur la publication de telles données ». Et d’ajouter : « Pas sûre de l’objectif politique de cette diffusion. »

Évidemment, il est difficilement concevable que le président américain ait pu faire preuve d’une telle légèreté [encore que…]. Aussi, le message de compassion qu’il a adressé aux autorités iraniennes après l’explosion d’une fusée Safir est surtout un avertissement : celui que, quoi que puisse faire l’Iran, les États-Unis ont les moyens de le savoir.

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