La Biélorussie veut ouvrir un « nouveau chapitre » dans ses relations avec les États-Unis

Alors que le président Macron a dit vouloir tendre la main à la Russie, la Biélorussie a l’intention de changer d’approche avec les États-Unis. C’est en effet ce qu’a affirmé Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, après avoir reçu John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale du président américain, Donald Trump.

« Nous avons proposé en permanence, dès le moment où les relations se sont dégradées avec les Etats-Unis, de tourner cette mauvaise page et d’ouvrir un nouveau chapitre » a ainsi déclaré M. Loukachenko. « Cela nous permettra de créer une base pour les relations futures », a-t-il ajouté, en précisant qu’il s’était récemment entretenu avec « beaucoup d’experts et de spécialistes américains ».

Selon le compte-rendu de la président biélorusse, M. Bolton s’est félicité de ce tournant. « L’Histoire avance. Beaucoup de temps s’est écoulé depuis la dislocation de l’Union soviétique et la situation géopolitique a changé. Elle change au moment même où nous parlons », a-t-il dit.

Pour ce qui concerne la Biélorussie, cette situation change parce que ses rapports avec la Russie ont pris un jour nouveau au cours de ces derniers mois, et notamment depuis une petite phrase prononcée par Dmitri Medvedev, le Premier ministre russe.

« La Russie est prête à aller plus loin dans la création d’un État unifié », avec la Biélorussie, a en effet lancé M. Medvedev. En réalité, il s’agissait de rappeler l’existence du traité sur l’Union de la Russie et de la Biélorussie qui, signé en 1999, prévoyait d’établir une confédération entre les deux pays, avant d’aboutir à leur fusion.

Seulement, ce texte n’a jamais été appliqué… Et Minsk n’entend pas s’unir avec Moscou pour la simple et bonne raison que cela reviendrait à céder tous les leviers aux Russes. En clair, ce serait une sorte d’annexion légale… qui permettrait par ailleurs au président Poutine d’être candidat à un troisième mandat. Or, pour rappel, la Constitution russe interdit au chef du Kremlin d’exercer trois mandats consécutifs. Et donc, à nouveau pays, nouvelle Constitution…

Selon M. Loukachenko, 98% des Biélorusses seraient hostiles à 98% à une unification avec la Russie. « Si quelqu’un veut nous détruire et nous forcer à devenir un sujet de la Russie, cela n’arrivera jamais », s’était par ailleurs emporté le président biélorusse lors d’une conférence de presse.

Aussi, les relations entre Minsk et Moscou connaissent-elles un sérieux coup de froid… tandis qu’Alexandre Loukachenko a retrouvé du crédit auprès des Occidentaux…

En 2010, la Biéolorussie fut santionnée par la communauté internationale pour la répression ayant visé les mouvements d’oppositions après la [nouvelle] réelection de M. Loukachenko, alors en poste depuis 1994. À l’époque, il était même qualifié de « dernier dictateur d’Europe ». Puis, réélu cinq ans plus tard, M. Loukachenko fut considéré comme de nouveau fréquentable, la libération des prisonniers politiques ainsi que sa prudence dans l’affaire ukrainienne [il n’a pas reconnu l’annexion de la Criméé, ndlr] expliquant sans doute cette mansuétude.

À noter que l’ambassade des États-Unis à Minsk avait expliqué que la visite de M. Bolton devait permettre de « discuter de la sécurité régionale » et de « souligner le soutien américain à la souveraineté et l’indépendance de la Biélorussie. »

Reste donc à voir quelle sera la réaction de Moscou à ce réchauffement des relations diplomatiques entre Minsk et Washington. Pour le moment, cela ne change pas grand chose à la situation actuelle, la Biéolorussie n’ayant pas manifesté son intention de rejoindre l’Otan. Et ses rapports avec l’Union européenne [UE] se limitent aux accords de « Politique européenne de voisinage » [PEV].

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