Sahel : Le Mali propose de « renforcer » la coopération militaire avec le Burkina Faso

Selon un bilan officiel donné par Ouagadougou, 24 membres des Forces armées nationales du Burkina Faso [FANBF] ont été tués lors d’une attaque commise contre le détachement militaire de Koutougou, dans la province du Soum [nord du pays], le 19 août dernier. Une semaine plus tard, cette action n’a toujours pas été revendiquée. Et sans doute qu’il faut s’attendre à un autre assaut de plus grande envergure dans les jours ou les semaines à venir.

En effet, comme l’a expliqué Lori-Anne Théroux-Bénoni, directrice de l’Insitut d’études de sécurité à Dakar, à France24, les « attaques contre les cibles militaire au Burkina Faso comme ailleurs dans le Sahel » sont aussi une façon » pour les groupes terroristes [GAT] de « se ravitailler en armes et en munitions », ce qui leur permet « de se renforcer en termes d’équipements et ensuite de pouvoir mener des opérations de plus grande envergure ».

Trois organisations sont soupçonnées d’avoir été à l’origine de l’attaque de Koutougou, dont le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM], l’État islamique au Grand Sahara [EIGS] et Ansarul Islam, une formation indépendante des deux premières et fortement implantée dans le nord du Burkina Faso, précisément dans la région dite des trois frontières [avec le Mali et le Niger].

Or, c’est justement dans cette dernière que la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S] est amenée à agir, avec le soutien de la force française Barkhane. Aussi, la « démonstration de force » de Koutougou ne doit évidemment rien au hasard.

Quoi qu’il en soit, et alors que le président français, Emmanuel Macron, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont indiqué leur intention de lancer un nouveau « pacte » pour la sécurité et la stabilisation du Sahel à l’occasion du sommet du G7, avec l’idée de « changer d’échelle » en y associant les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest [CEDEAO], le Mali a fait savoir qu’il entendait renforcer sa coopération militaire avec le Burkina Faso.

Pour rappel, les forces armées de ces deux pays membres du G5 Sahel ont déjà établi une coopération militaire dans le cadre de la FC-G5S, sous l’égide de Barkhane. Mais il s’agit visiblement d’aller plus loin.

« Le gouvernement du Mali est solidaire du peuple frère du Burkina Faso qui a été victime d’une attaque lâche et ignoble qui a causé la perte de plusieurs de nos compagnons d’armes », a commencé par affirmer le général Ibrahima Dahirou Dembélé, le ministre malien de la Défense, après avoir un entretien avec le Premier ministre burkinabè, Christophe Dabiré, le 26 août, à Ouagadougou.

Après avoir assurer le Burkina Faso « du soutien » et « de l’engagement »du Mali à ses côtés pour « relever le défi » commun à ces deux pays que représente la menace jihadisre, le ministre malien a donc proposé de renforcer la coopération militaire.

« Actuellement, on a une opération sur le terrain, au niveau de la frontière qu’on est en train d’évaluer avec mon homologue [burkinabè]. On va travailler ensemble et voir comment améliorer cette opération et renforcer nos capacités, mutualiser nos moyens afin d’arriver à bout des groupes terroristes », a en effet déclaré le général Dembélé.

Mais cela ne résoudra pas le problème des forces burkinabè [comme celui de leurs homologues maliennes], lesquelles manquent de moyens. Ce qui profite aux groupes jihadistes, qui étendent progressivement leur influence dans le nord et l’est du Burkina Faso. En décembre, Ouagadougou a renforcé ses liens militaires avec Paris afin « d’améliorer le cadre juridique de la coopération » entre leurs forces respectives « dans le plein respect de la souveraineté de chacun. »

Le « pacte » proposé par M. Macron et Mme Merkel visera justement à répondre aux besoins exprimés par les pays du G5 Sahel, tant au niveau des équipements que celui de la formation.

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