Idleb : Un poste d’observation turc encerclé par les forces gouvernementales syriennes

Conclu en septembre 2017 par la Russie, la Turquie et l’Iran, l’accord d’Astana prévoyait de faire de la province syrienne d’Idleb une zone de « désescalade », tout en en excluant les organisations jihadistes. Aussi, les forces turques y installèrent des « postes d’observation ».

Seulement, au fil des succès militaires obtenus par les forces du régime syrien grâce à l’appui de la Russie, la province d’Idleb est devenue le « plus grand dépotoir de combattants terroristes étrangers au monde », selon un récent rapport des Nations unies [qui citait un « État membre », ndlr].

Pour autant, pour la Turquie, une offensive en direction de cette province, contrôlée en grande partie par les jihadistes du groupe Hayat Tahrir Al-Cham [HTS] a toujours été inconcevable. D’une part parce qu’elle craignait un afflux de réfugiés sur son territoire. Et d’autre part parce que cela aurait mis en danger les groupes rebelles syriens qu’elle soutient, notamment ceux fédérés au sein du « Front national de libération ».

Durant l’été 2018, la Turquie négocia un nouvelle entente avec la Russie afin d’éviter le lancement imminent d’opérations militaires dans la région d’Idleb. Finalement, cet accord aura fait long feu puisque les forces syriennes, toujours appuyées par l’aviation russe, sont passées à l’action.

Le 18 août, soit après plus de trois mois de combats et de bombardements, les forces gouvernementals syriennes ont fini par prendre le contrôle de la localité stratégique de Khan Cheikhoun. Ce qui a contraint, selon leurs déclarations, les rebelles du FNL et les jihadistes du HTS, à se « redéployer ».

Reste que cette avancée des forces pro-Damas ne va pas sans frottements avec les militaires turcs. Le 19 août, un de leurs convois, visés par des avions syriens et russes, a été dissuadé de continuer sa route alors qu’il devait, selon Ankara, ravitailler un poste d’observation installé dans la province d’Idleb.

« Le régime [syrien] ne devrait pas jouer avec le feu. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour garantir la sécurité de nos soldats et de nos postes d’observation », a averti, plus tard, Mevlut Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères. En clair, il n’était pas question d’un « fort Chabrol »….

Mais en attendant, un poste d’observation turc, celui de Morek, se trouve actuellement dans une telle position inconfortable. Situé à cheval entre les provinces d’Idleb et de Hama, il est en effet encerclé par les forces du régime, après que ces dernières ont conquis les localités environnantes.

« Le régime a pris le contrôle de toutes les localités et les villages de cette poche encerclée, notamment Kafr Zita et Latamné, sans livrer aucun combat ni faire face à aucune résistance », a expliqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH], rapporte l’AFP. Selon la même source, les forces pro-Damas seraient à seulement 200 mètres du poste turc. Et leurs intentions ne sont pas claires pour le moment.

« Oui il y a des affrontements dans la région d’Idleb. Les forces du régime mènent des activités autour de notre poste d’observation », a reconnu M. Cavusoglu, avant de préciser que des discussions étaient en cours avec la Russie et l’Iran. Mais, a-t-il assuré « nos postes d’observation ne sont pas isolés. Personne ne peut isoler nos forces ou nos soldats. » Et d’insister : « Nous ne sommes pas là-bas parce que nous ne pouvons pas en partir, mais parce que nous ne voulons pas en partir. »

Dans le même temps, le Kremlin a publié un communiqué pour indiquer que les président russe, Vladimir Poutine, et turc, Recep Tayyip Erdogan, avaient eu un entretien téléphonique au cours duquel ils sont convenus d' »intensifier leurs efforts communs avec l’objectif de liquider la menace terroriste » dans la province d’Idleb.

De son côté, la présidence turque a fait savoir que M. Erdogan avait surtout insisté auprès de son homologue russe sur le fait que les « violations par le régime du cessez-le-feu à Idleb et ses attaques ont ouvert la voie à une grave crise humanitaire. » Et d’ajouter : « Ces attaques nuisent aux efforts de résolution (du conflit) en Syrie et constituent une sérieuse menace contre la sécurité nationale de notre pays. »

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