La Chine menace de sanctionner les industriels américains impliqués dans la vente de F-16V à Taïwan

Son prédécesseur, Barack Obama, avait mis le dossier en bas de la pile, afin de calmer le jeu avec Pékin… Mais le président américain, Donald Trump, ne s’est pas embarrassé avec de telles préventions : la semaine passée, il a donné son feu vert à la vente d’avions de combat F-16 Block 70/72 « Viper » à Taipeh, pour 8 milliards de dollars.

Cela faisait en effet longtemps que Taïwan, considérée comme une province « rebelle » par la Chine, attendait une telle autorisation afin de continuer la modernisation de sa force aérienne, à l’heure où les approches de son espace aérien par l’aviation militaire chinoise se font plus nombreuses et où Pékin a durci le ton à son endroit.

Pour rappel, le F-16 « Viper » est la dernière version de l’avion développé par Lockheed-Martin dans les années 1970. Bénéficiant d’une connectivité améliorée, il est équipé de la Liaison 16, d’un radar AESA, d’un ordinateur de mission avancé, d’un Center Pedestal Display [affichage de suivi de terrain].

Ce 21 août, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], l’agence chargée des exportations d’équipements militaires américains, a publié un avis recommandant au Congrès d’accepter la vente de 66 F-16V à Taïwan. Ce qui ne devrait pas poser de problème, ce contrat faisant consensus entre démocrates et républicains.

Cette vente « est conforme à la loi et à la politique américaines énoncées dans la loi publique 96-8. […] Elle sert les intérêts nationaux, économiques et de sécurité des États-Unis en soutenant les efforts constants du destinataire pour moderniser ses forces armées et maintenir une capacité de défense crédible. […] Elle contribuera à améliorer la sécurité du destinataire ainsi qu’au maintien de la stabilité politique, de l’équilibre militaire et du progrès économique dans la région », a fait valoir la DSCA dans son avis.

Quand il s’agit d’équipements militaires destinés à Taïwan, il n’est nul besoin de pratiquer un quelconque art divinatoire pour connaître la réaction de la Chine… En revanche, la fonction « copier-coller » est utile…

Ainsi, Pékin a adressé une protestation diplomatique et exhorté les États-Unis à « renoncer immédiatement à ce projet de vente d’armes, à cesser de vendre des armes à Taïwan et à couper les contacts militaires avec Taïwan ».

Ce contrat est une « ingérence grave dans nos affaires internes et mine notre souveraineté et nos intérêts en matière de sécurité », a en effet réagi Geng Shuang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Les mêmes arguments avaient été avancés au moment de l’annonce de la vente de chars Abrams et de missiles sol-air Stinger à Taïwan, début juillet.

Toutefois, Pékin a assorti ses récriminations d’une menace : « La Chine prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger ses intérêts, y compris en imposant des sanctions sur les entreprises américaines impliquées dans cette vente d’armes à Taïwan », a en effet déclaré M. Geng.

Reste à voir quelles seront les entreprises américaines concernées et les implications que de telles sanctions pourraient avoir dans certains secteurs, comme celui de l’aviation civile. En effet, Lockheed-Martin et Boeing ont des sous-traitants en commun, comme par exemple Goodrich Corporation, qui fournit le roues et les freins du F-16V ainsi que des composants du B-787 Dreamliner, un avion commandé à plusieurs dizaines d’exemplaires par les compagnies aériennes chinoises.

Quoi qu’il en soit, les protestations et menaces chinoises sont sans effet… Le contrat des F-16 est « conforme aux arrangements et à la relation historique entre les Etats-Unis et la Chine », a fait valoir Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine. « Nos actions sont conformes aux politiques américaines passées. Nous ne faisons qu’honorer des engagements que nous avons pris auprès de toutes les parties », a-t-il insisté.

Par ailleurs, le 20 août, John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, a accusé Pékin de se livrer à des tactiques d’intimidations en mer de Chine mériodionale.

« La récente intensification des efforts de la Chine pour dissuader d’autres pays de la mer de Chine méridionale d’exploiter ses ressources est inquiétante. Les États-Unis se tiennent fermement aux côtés de ceux qui s’opposent aux comportements coercitifs et aux tactiques d’intimidation qui menacent la paix et la sécurité régionales », a-t-il prévenu.

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