La Corée du Sud va augmenter ses dépenses militaires de 7,1% par an jusqu’en 2024

Les avancées du sommet intercoréen de Panmunjon, en avril 2018, sont désormais bien loin. Et les négociations sur la dénucléarisation de la péninsule n’ont pas avancé d’un iota. La Corée du Nord cherche toujours à contourner les sanctions imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies tout en étant soupçonnée de poursuivre ses activités nucléaires.

En outre, Pyongyang a repris les tirs de « projectiles » [c’est à dire de missiles balistiques] en guise d' »avertissements solennels » adressés à Séoul et à Washington pour la tenue de manoeuvres militaires conjointes. Depuis le 25 juillet, six salves ont été lancées par les forces nord-coréennes…

Quant au dialogue entre les deux Corées, il n’est pas près de reprendre. « Nous n’avons plus rien à discuter avec les autorités sud-coréennes et nous n’avons aucune intention de nous réunir de nouveau avec elles », a ainsi fait valoir, ce 16 août, la « Commission pour la Réunification pacifique du Pays » mise en place par Pyongyang.

Les conclusions du sommet de Panmunjon et les négociations entre les États-Unis et la Corée du Nord ne changèrent pas l’évalution de la menace nord-coréenne faite par le ministère japonais de la Défense.  »

« Il n’y a pas de changement dans notre constat de la menace posée par les armes nucléaires et les missiles nord-coréens à la sécurité du Japon […] Cette menace est sans précédent nuit considérablement à la paix et à la sécurité de la région et de la communauté internationale », fit en effet valoir Tokyo, en soulignant que l’on ne pouvait « pas ignorer le fait que, à ce jour, la Corée du Nord possède plusieurs centaines de missiles mettant quasiment l’ensemble du territoire japonais à sa portée. »

À Séoul, même si le président Moon Jae-in a de nouveau affirmé son engagement en faveur du dialogue inter-coréen, il n’est pas non plus question de baisser la garde. En témoigne le plan qu’a présenté le ministère sud-coréen de la Défense, le 14 août.

Ainsi, ce plan prévoit une hausse des dépenses militaires de 7,1% par an, en moyenne, au cours de la période 2020-24. Ce qui représente un investissement de 216,77 milliards d’euros [290.500 milliards de wons]. Environ un tiers de cette somme [soit 77,46 milliards d’euros, +10,3%] servira à « renforcer les capacités de défense ».

« Le ministère a décidé de se focaliser sur le renforcement des capacités de défense pour jouer un rôle central dans la réponse aux menaces sécuritaires tous azimuts, ainsi que sur la construction et la bonne gestion d’une armée intelligente basée sur les technologies de pointe », a expliqué le ministère sud-coréen de la Défense.

Il est ainsi question de renforcer la défense antimissile sud-coréenne, via le programme KAMD [Korean Air and Missile Defense], avec la poursuite du développement du système L-SAM, censé intercepter des missiles évoluant à une altitude de 40-60 kilomètres, grâce à un radar AESA en bande S. Le plan prévoit la mise en service de deux radars d’alerte avancés supplémentaires et la modernisation des destroyers AEGIS [ainsi que la construction de trois autres].

« En mettant à niveau les systèmes de missiles Patriot et Cheolmae II, parallèlement au développement en cours de L-SAM, nous établirons une capacité de défense multicouche suffisante pour intercepter plus efficacement de nouveaux types de missiles balistiques nord-coréens », a expliqué le ministère sud-coréen de la Défense.

Cet effort budgétaire doit permettre également de renforcer les capacités sud-coréennes en matière de « frappe d’objectif stratégique », avec plus de missiles guidés pouvant être lancés depuis le sol, la mer [des sous-marins de 3.000 tonnes vont être construits, ndlr] et les airs. Et cela afin de détruire, le cas échéant, les sites de lancement de missiles nord-coréens.

Le document parle aussi de développer une « bombe à impulsion électromagnétique », sans plus de détails. Ce type de munition permet de détruire les appareils électriques et électroniques reliés au courant et non protégés.

Le projet de construire au moins un porte-aéronefs pouvant mettre en oeuvre des avions de combat F-35B est confirmé. De même que la mise à niveau des F-15 et des F-16 de ses forces aériennes. Ces dernières devraient disposer d’avions ravitailleurs supplémentaires [elles ont reçu récemment leur premier A330 MRTT, sur 4 commandés]. Et deux autres appareils de type « Peace Eye » [des Boeing 737 AEW&C] seront commandés.

Enfin, Séoul envisage de se doter de cinq satellites dédiés au renseignement d’ici 2023 et d’accroître sa flotte de drones de surveillance.

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