Mali : Le Comité international de la Croix-Rouge suspend ses activités à Tombouctou

Dans un récent rapport sur la situation au Mali, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres a estimé qu’environ 660.000 enfants risqueraient de souffrir de « malnutrition aiguë » en 2019 et que, plus largement, 3,8 millions de personnes allaient se trouver en « insécurité alimentaire ». D’où l’importance de l’action des organisations humanitaires.

Or, souligne ce même document, ces dernières « doivent opérer dans des conditions de plus en plus difficiles et complexes à cause de l’intensification des violences intercommunautaires, de la criminalité, des entraves à l’intervention des missions d’aude humanitaire, qui prennent notamment la forme d’enlèvements et de menaces contre le personnel humanitaire, des restrictions des déplacements en raison de la présence d’engins explosifs improvisés installés le long des routes d’accès et la prolifération d’armes légères de petit calibre. »

Cette insécurité chronique a fini par avoir eu raison des activités menées par le Comité international de la Croix-Rouge [CICR] dans la région de Toubouctou. En effet, le 6 août, cette organisation humanitaire a annoncé sa décision d’y suspendre ses activités, après le nouveau vol d’un de ses véhicules. Celui de trop, visiblement.

« Ce vol de véhicule intervient dans un climat marqué depuis plusieurs semaines par la recrudescence de la criminalité et de l’insécurité aussi bien dans les villes que sur les axes routiers de la région, touchant principalement les populations civiles déjà très affectées par le conflit, mais également les organisations humanitaires qui tentent de leur venir en aide », a expliqué le CICR, via un communiqué.

Pour l’ONG, le niveau d’insécurité dans la ville de Tombouctou et sa région, qui a atteint un « seuil inacceptable pour la population », l’a donc contraint à « suspendre temporairement » ses activités, le temps « d’évaluer la situation » et d’obtenir les « garanties nécessaires à la sécurité de ses équipes. » Et cela, malgré la présence des Casques bleus de la MINUSMA [Mission des Nations unies au Mali], d’un détachement de la force française Barkhane et des Forces armées maliennes [FAMa].

« Nous sommes inquiets de l’impact que cette insécurité a sur notre capacité à aider les populations de la région, mais il nous est quasiment impossible de continuer à travailler lorsque nous sommes régulièrement l’objet de braquages nous privant de nos moyens de travail et mettant en danger la vie de notre personnel », a fait valoir Jean-Nicolas Marti, le chef de la délégation du CICR au Mali.

Et d’ajouter : « Nous demandons aux autorités maliennes, ainsi qu’à tous les acteurs de tout mettre en œuvre afin de restaurer l’ordre et la sécurité. Nous espérons que la situation s’améliore pour les Maliens et que nous pourrons reprendre rapidement nos activités. »

Outre la présence de groupes jihadistes [dont « l’Émirat de Tombouctou », membre du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans – GSIM], l’insécurité dans la région de Tombouctou est aussi due aux « coupeurs de routes » ainsi qu’à des frictions intercommunautaires.

« Dans le nord du Mali, on a également enregistré une dégradation des conditions de sécurité principalement causée par des actes de banditisme et les activités de groupes terroristes et de groupes armés signataires, survenus pour la plupart dans les cercles de Gourma-Rharous, d’Ansongo et de Ménaka, dans les régions de Tombouctou, de Gao et de Ménaka, respectivement », confirme le dernier rapport de M. Guterres sur le Mali.

Au cours du premier semestre 2019, le CICR a donné 35.270 soins de « santé primaire », vacciné 3.251.333 têtes de bétail, amélioré l’accès à l’eau potable pour 35.000 personnes et fourni une aide à la production agricole à 28.956 fermiers.

Photo : Véhicule du CICR dans la région de Tombouctou / CC BY-NC-ND / CICR / Sidi B. Diarra

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