La Direction générale de l’armement et la DIRISI ont mis en place une unité dédiée aux systèmes numériques

La « transformation numérique » du ministère des Armées est une priorité pour au moins deux raisons : d’une part, elle doit permettre de renforcer l’efficacité opérationnelle des forces et, d’autre part, elle s’inscrit dans la stratégie gouvernementale « Action publique 2022 » qui fait des technologies de l’information un levier pour la réforme de l’État. En clair, il est impossible d’y couper.

Ainsi, cette transformation numérique vise à générer des gains de productivité dans plusieurs domaines, comme la logistique, le soutien ou encore le maintien en condition opérationnelle [MCO], à développer des applications qui faciliteront la planification et la conduite des opérations ainsi que l’exploitation du renseignement et à accompagner le développement du combat « infovalorisé » et en réseau.

Et cela, alors que se profilent des « ruptures technologiques », avec, par exemple, l’informatique quantique, l’Internet des objets, l’intelligence artificielle, la robotique, les systèmes autonomes et la puissance toujours plus importantes des super-calculateurs.

Cependant, et d’après un rapport parlementaire publié en 2018 par les députés Oliver Becht et Thomas Gassilloud, cette transformation numérique doit passer par la réduction d’une « fracture numérique » au sein des armées.

« L’exploitation des possibilités offertes par le numérique dans le quotidien des armées suppose des infrastructures informatiques robustes, à l’image des standards en cours dans les entreprises civiles. Or ces infrastructures sont aujourd’hui très inégalement déployées au sein du ministère des Armées, faisant apparaître une véritable ‘fracture numérique’. Aussi, aux yeux des rapporteurs, des investissements ‒ d’ailleurs limités ‒ sont-ils nécessaires pour que les armées puissent tirer pleinement profit des initiatives existantes et répondre aux ambitions de transformation digitale qu’elles se sont donnée », estimèrent les deux rapporteurs qui, au passage, avaient plaidé en faveur d’un recours accru « aux logiciels libres » et du « développement de logiciels en interne. »

Pour orchestrer cette transformation, il a été mis en place, en 2018, une Direction générale du numérique et des systèmes d’information et de communication [DGNUM], sous l’autorité de l’amiral Arnaud Coustillière. Forte d’une cinquantaine d’experts [civils et militaires], cette structure a la misison de « coordonner l’action des armées, directions et services en matière d’inventaire, de gouvernance, de production, de circulation, de partage et d’exploitation des données au sein du ministère des Armées ainsi que de favoriser l’accessibilité des données entre administrations ou dans le domaine public, dans un format ouvert et réutilisable. »

En outre, placée sous l’autorité du chef d’état-major des armées [CEMA], la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’informations de la défense [DIRISI] est un acteur incontournable puisqu’elle assure les fonctions « d’opérateur de télécommunications, d’infogérant des systèmes d’information de la Défense, de gérant des fréquences, de garant de la sécurité des systèmes d’information, de centrale d’achat pour les services de télécommunications, les matériels et les logiciels et de mise en œuvre et de soutien des SIC opérationnels. »

Autre acteur, la DGA MI [Direction générale de l’armement – Maîtrise de l’information] tient également un rôle important dans la mesure où il lui revient d’assurer des études, des expertises et des essais dans les domaines des systèmes d’information, des télécommunications, de la sécurité de l’information et de la guerre électronique. Enfin, le Commandement de la cyberdéfense [COMCYBER] a, parmi ses missions, la tâche la « Lutte informatique défense » [LID], c’est à dire la protection des systèmes d’informations utilisés par le ministère des Armées.

Mais une nouvelle structure vient de faire son apparition : l’UM SNum, pour « Unité de management Scole numérique ». Il s’agit de la dixième « unité de management » de la DGA dont la mission sera de « développer le socle numérique sécurisé et rénové du ministère. »

Devant employer, à l’horizon 2021, 300 spécialistes issus de la DGA [60%] et de la DIRISI [40%], cette UM SNum sera « garante de l’efficacité des systèmes numériques du ministère avec, en premier lieu, une exigence de robustesse et de cyber sécurité. » Localisée sur 3 sites [Bruz, Kremlin-Bicêtre et Balard], elle comprendra six « segments [architecture et management de services, services communs et terminaux, sécurité et administration, données et canaux d’accès, hébergement, réseaux de transport]

Le « Socle numérique », rappelle la DGA, « englobe notamment les infrastructures techniques comme les réseaux d’infrastructure et de desserte [programme DESCARTES, PPP RDIP…], les capacités d’hébergement des données et des applications, les capacités de traitement et de valorisation des données [partenariat d’innovation ARTEMIS…], les plates-formes support aux échanges inter applicatifs et les passerelles, les services communs à l’utilisateur [messageries, portails… apportés notamment par le socle du programme SIA], et les outils d’administration et de sécurité. »

À ce titre, elle sera chargée de « développer la cohérence d’ensemble entre les activités de conception/développement, dont elle est responsable, et les activités de déploiement/d’exploitation d’outils et de services numériques, assurées par la DIRISI. »

Cette SNum a déjà du pain sur la planche puisqu’elle doit mener plusieurs chantiers, dont rénovation du réseau Intranet du ministère des Armées [INTRADEF], avec ses milliers de serveurs et ses centaines de milliers de postes de travail, les Intranets « classifiés », la migration vers le Cloud et l’intégration de l’intelligence artificielle et du Big Data.

Photo : armée de l’air – A. Jeuland

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