Le pilote qui a perdu la vie aux commandes d’un Tracker S2F de la Sécurité civile était un ancien de l’armée de l’Air

Le 2 août, vers 17H20, un bombardier d’eau de type Grumman S2F Tracker de la Sécurité civile s’est écrasé dans les environs de Générac [Gard], région ravagée depuis plusieurs jours par des incendies de forêts. Malheureusement, son pilote a été tué.

Selon les témoignages rapportés par la presse, le Tracker n°22 est entré dans une épaisse fumée avant d’en ressortir « très bas » et en « penchant sur la gauche ». Ce 3 août, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a précisé les circonstances de cet accident.

« Au moment où il s’engageait pour protéger une propriété où il y avait des vies en jeu, il n’a pas hésité, et un accident a emporté sa vie. […] C’est lors d’un changement d’objectif que le pilote a connu son accident. Nous avons une vision assez précise de ce qu’il s’est passé, mais laissons l’enquête progresser », a dit le ministre.

Peu après l’annonce du drame, le président Macron a souligné que le pilote de ce Tracker avait « donné sa vie pour sauver celle des autres ». Et d’ajouter : « Tel est le quotidien de tous les sapeurs-pompiers de France. Pensées pour la famille et pour les camarades de ce héros français. »

Il aura fallu attendre le déplacement de M. Castaner dans le Gard pour connaître l’identité de ce « héros français ». Ainsi, le ministre a précisé qu’il s’agissait de Franck Chesnau, un « pilote expérimenté » qui avait notamment « piloté des Mirage 2000 ». C’était un homme « heureux et fier de piloter un Tracker », a-t-il dit.

Après avoir obtenu un DUT, Franck Chesneau, 49 ans, s’était engagé dans l’armée de l’Air en 1991 pour devenir pilote de chasse. Il a notamment été affecté à l’Escadron de chasse 3/4 Limousin [et donc volé sur Mirage 2000N] et, en qualité de moniteur sur EMB 312 Tucano, à l’École de l’Air de Salon de Provence. Il avait rangé son uniforme en 2008 pour rejoindre la Sécurité civile. Il était marié et père de deux enfants.

Étant donné les qualifications qu’il faut avoir pour être prendre les commandes d’un bombardier d’eau, la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises recrute essentiellement des anciens pilotes de l’armée de l’Air et de l’Aéronautique navale.

Pour lutter contre les incendies, la Sécurité civile utilise des avions Dash 8 Q 400 MR, Beechcraft King 200, Canadair CL 415 et Tracker S2F. Ainsi que 40 hélicoptères EC 145.

Comme le rappelle un rapport du Sénat, les 9 Tracker S2F, dont la conception remonte aux années 1950, auraient dû retirés du service en 2008, mais un « programme de révision technique de grande ampleur a cependant été lancé afin de les maintenir en activité jusqu’en 2020. »

Finalement, les Tracker S2F seront progressivement remplacés par des avions MRBET [avion multi-rôle bombardier d’eau et de transport], commandés en 2018 à l’entreprise canadienne Conair. Il s’agit en réalité de Dash 8, modifiés pour la lutte contre les feux de forêt. Six appareils seront livrés entre 2019 et 2023, le premier, appelé « Milan 75 » a déjà été mis en service.

Les Tracker S2F de la Sécurité civile sont mono-pilotes. En général, ils sont utilisés pour des missions dites GAAR [guet aérien armé], c’est à dire qu’ils assurent des patrouilles aériennes avec plus de 3 tonnes de produit retardant en soute. Dès qu’ils repèrent un départ de feu, ils interviennent immédiatement.

Quant aux incendies de la région de Générac, qui ont pris quasi simultanément dans la journée du 2 août [ce qui explique que la piste criminelle est privilégiée], ils sont « maîtrisés » tout en restant sous la surveillance des 449 sapeurs-pompiers engagés pour les combattre.

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