La Corée du Sud envisagerait de construire un porte-aéronefs

Ce 25 juillet, après avoir diffusé trois photographies montrant un ancien sous-marin de type Roméo transformé pour lancer des missiles balistiques mer-sol, la Corée du Nord a procédé au tir de deux « projectiles » de courte portée en direction de la mer du Japon.

Deux raisons peuvent expliquer ce « raidissement » de Pyongyang : les négociations avec les États-Unis au sujet de ses activités nucléaires [et John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, se trouvait justement à Séoul] et la tenue, en août, d’exercices militaires conjoints entre les forces américaines et sud-coréennes.

Selon l’état-major sud-coréen, les deux derniers missiles tirés par les forces nord-coréennes ont parcouru 430 km avant de s’abîmer en mer.

« Notre armée suit de près la situation en cas de tirs supplémentaires et se tient prête à réagir », a assuré Choi Hyun-soo, porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense, avant d’appeler Pyongyang « à cesser ses opérations qui ne contribuent pas à l’apaisement des tensions militaires.

Par ailleurs, début juillet, la Corée du Nord a fini par prendre ombrage de la livraison d’avions de combat F-35A à la force aérienne sud-coréenne [RoKAF] et indiqué qu’elle n’aura « pas d’autre choix que de développer et tester des armements spéciaux afin de détruire complètement ces armements mortels. »

Mais les dirigeants nord-coréens se sont sans doute pas au bout de leur peine… En décembre 2017, il avait été avancé que la Corée du Sud, à l’instar du Japon, envisageait d’acquérir des F-35B [STOVL, décollage court et atterrissage vertical] afin d’en doter l’un de ses deux porte-hélicoptères de la classe Dokdo.

Pour cela, les forces d’autodéfense japonaise comptent transformer un de leurs « destroyers porte-hélicoptères » de la classe Izumo. Ces navires affichant un déplacement de 27.000 tonnes à pleine charge pour une longueur de 248 mètres, leur taille peuvent leur permettre d’accueillir les équipements nécessaires à la mise en oeuvre de F-35B [magasins de munitions plus grand, capacité de stockage du carburant plus importante, revêtement spécial pour le pont d’envol, etc…].

S’agissant de la Corée du Sud, une telle entreprise est plus compliquée dans la mesure où un porte-hélicoptères de la classe Dokdo présente un tonnage nettement plus faible [18.800 tonnes à pleine charge] et des dimensions réduites [199 mètres de long] par rapport aux navires japonais de la classe Izumo.

D’où l’option, évoquée par Defense News, de construire un troisième porte-hélicoptères assez grand pour pouvoir embarquer des F-35B. Connu sous le nom de « LPH-II », ce projet a été confirmé lors d’une réunion organisée le 12 juillet et présidée par le général Park Han-ki, le chef d’état-major des forces sud-coréennes, a précisé le magazine américain.

« Le projet de construire un navire LPH-II a été inclus dans un plan de renforcement des forces à long terme », a indiqué une source militaire sud-coréenne. Ce porte-hélicoptère devrait être construit par Hanjin Heavy Industries & Constructions Co.

Ce LPH-II afficherait un tonnage plus important que les « destroyers porte-hélicoptères » japonais, avec un déplacement de 30.000 tonnes à pleine charge. Il serait en mesure d’embarquer  3.000 soldats, 20 véhicules blindés et surtout 16 F-35B. D’où une étude en cours pour acquérir 20 exemplaires auprès de Lockheed-Martin. Ces appareils s’ajouteraient aux 40 F-35A déjà commandés par Séoul pour la RoKAF.

Le projet concernant ce porte-aéronefs ne figurait pas dans les plans adoptés en avril dernier en vue d’accroître les capacités de la marine sud-coréenne. Ce dernier prévoit en effet la construction de trois destroyers de la classe « Gwanggaeto le Grand » et celle de trois sous-marins d’un nouveau type [« Jangbogo Ⅲ »] et pouvant être capables de lancer des missiles balistiques.

« C’est une étape symbolique et significative pour améliorer la capacité navale du pays contre les menaces potentielles posées par le Japon et la Chine », a commenté, pour Defense News, Kim Dae-young, analyste à l’Institut coréen de la recherche sur la stratégie nationale. La référence au Japon s’explique par le différend territorial au sujet des îles Dokdo [ou « Rochers Liancourt », ndlr].

Au début des années 2010, seules la Thaïlande [avec le HTMS Chakri Naruebet] et l’Inde disposaient de capacités aéronavales. Depuis, la Chine a mis les bouchées doubles, en mettant un service un porte-avions [le Liaoning] et en prévoyant d’en faire de même avec deux autres unités, dont une devrait être à propulsion nucléaire. La marine indienne n’entend pas se laisser distancer dans ce domaine, avec un troisième navire appelé à être opérationnel en 2025.

Photo : ROKS  Dokdo, via WikiMedia

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