Selon Séoul, Moscou explique l’intrusion d’un de ses avions militaires dans l’espace aérien sud-coréen par un « dysfonctionnement »
Le 23 juillet, la Corée du Sud a indiqué que son espace aérien avait été violé à deux reprises par un avion radar russe de type A-50 « Mainstay », à la verticale de l’archipel Dokdo, lequel est aussi revendiqué par le Japon. Et de préciser que les KF-15 et KF-16 de sa force aérienne [RoKAF] procèderent à des tirs de semonce pour chasser l’intrus.
En outre, durant la même séquence, deux bombardiers chinois H-6 rejoignirent deux appareils russes de type Tu-95 « Bear » dans la zone d’idenfication et de défense sud-coréenne [KADIZ], ce qui obligea, là encore, la RoKAF à intervenir.
Plus tard, le ministère russe de la Défense a publié un communiqué, en se gardant d’évoquer l’incident ayant impliqué son A-50 Mainstay. « Deux bombardiers Tu-95MS des forces armées russes ont effectué un vol planifié au-dessus des eaux neutres de la mer du Japon », a-t-il ainsi indiqué, en affirmant qu' »aucun coup de semonce » contre ces deux appareils.
« Selon les données de contrôle objectif, les avions Tu-95MS ne se sont pas écartés du trajet, conformément au règlement international, et sont passés à une distance de 25 kilomètres des îles Dokdo, sans violer l’espace aérien sud-coréen », a poursuivi le ministère russe, qui a ensuite « contre-attaqué ».
« Dans la zone des îles Dokdo, deux F-16 sud-coréens se sont approchés des avions russes et ont effectué des manœuvres non-professionnelles en croisant le trajet des bombardiers stratégiques russes et en les mettant en danger », a accusé le ministère russe de la Défense. « Les pilotes sud-coréens n’ont pas essayé d’entrer en contact avec les équipages des Tu-95MS […] et aucun coup de semonce n’a été tiré par les avions de chasse sud-coréens », a-t-il insisté, avant de préciser que si cela avait été le cas, « la réponse ne se serait pas fait attendre ».
Visiblement, à Moscou, on est adepte de Schopenhauer qui, dans son livre « L’art d’avoir toujours raison« , explique que faire diversion quand sa propre cause est difficile à défendre est un moyen de retourner un argument contre son adversaire…
À Pékin, l’incident ayant impliqué l’avion radar russe n’a pas non plus été évoqué par le porte-parole du ministère chinois de la Défense. « Les avions des forces aériennes des deux pays ont scrupuleusement respecté le droit international et ne sont pas entrés dans l’espace aérien d’autres pays », a-t-il assuré, avant d’expliqué que le vol de ces quatre bombardiers entrait « dans le cadre du programme annuel de coopération entre les forces armées chinoises et russes », lequel « ne vise pas de tierces parties. »
Pour autant, la Russie a finalement [et indirectement] admis que son A-50 Mainstay avait bel et bien violé l’espace aérien sud-coréen. Du moins, c’est ce qu’affirme Séoul.
« La Russie a dit à la Corée du Sud que la récente intrusion de l’un de ses avions militaires dans son espace aérien n’était pas intentionnelle et avait eu lieu probablement à cause d’un problème technique », a en effet indiqué la présidence sud-coréenne, ce 24 juillet.
« La Russie a dit que son ministère de la Défense lancerait immédiatement une enquête et prendrait les mesures nécessaires », a ensuite assuré Yoon Do-han, conseiller aux relations publiques du bureau présidentiel, lors d’une conférence de presse.
Selon l’agence Yonhap, ce dernier a fait savoir que Moscou avait exprimé des « regrets » pour cet incident. « Ce message a été délivré mardi par un attaché militaire russe à un haut officiel du ministère sud-coréen de la Défense », a-t-elle précisé.
« Moscou a indiqué que si l’avion avait volé selon l’itinéraire prévu initialement, cet incident n’aurait pas eu lieu », a encore rapporté M. Yoon. Et pour mener son enquête, la partie russe a demandé aux autorités sud-coréenne de lui « fournir les données concernant l’intrusion, comme les positions et les heures », a-t-il continué. Cependant, cela n’explique pas le fait qu’il a fallu des tirs de semonce pour faire rebrousser chemin au Beriev A-50…
Enfin, et toujours selon M. Yoon, « Moscou veut développer un système de coopération d’urgence entre forces aériennes des deux pays » afin de « prévenir tout incident similaire. »
« La Russie a dit qu’elle respectait le droit international et les lois sud-coréennes et que l’entrée non autorisée n’était pas intentionnelle. Elle espère que les liens bilatéraux avec la Corée du Sud se développeront sans être touchés par cet incident », a conclu le responsable sud-coréen.
Photo : archive