Un avion EP-3E de l’US Navy approché d’une façon « dangereuse » et « agressive » par un Su-30 vénézuélien

Un tel incident n’était jusqu’à présent pas arrivé sous de telles latitudes. Le 21 juillet, le commandement américain en charge de l’Amérique du Sud et des Caraïbes [US SOUTHCOM] a en effet dénoncé le comportement « non professionnel » d’un chasseur Su-30 « Flanker » de la force aérienne vénézuélienne envers un avion de renseignement EP-3E Aries de l’US Navy.

L’incident a eu lieu le 19 juillet, lors d’une mission de reconnaissance assurée par un EP-3E Aries dans l’espace aérien international de la mer des Caraïbes. Le Su-30 vénézuélien, de conception russe, a alors décollé d’un aérodrome situé à 200 km à l’est de Caracas pour l’intercepter.

« Après avoir examiné les vidéos, nous avons déterminé que le chasseur de fabrication russe avait poursuivi de manière agressive le EP-3 à une distance dangereuse dans l’espace aérien international, pendant une longue période, mettant ainsi en danger la sécurité de l’équipage et la mission EP-3 », a fait valoir l’US SOUTHCOM dans un communiqué.

« Les États-Unis mènent régulièrement des missions de détection et de surveillance dans la région, appuyées sur le plan régional et reconnues et approuvées à l’échelle multinationale, afin de garantir la sécurité des citoyens et de nos partenaires. L’appareil EP-3 était conforme aux normes et règles internationales », a-t-il expliqué.

En retour, le ministère vénézuélien de la Défense a affirmé que l’EP-3 Aries avait « violé » l’espace aérien du Venezuela et expliqué qu’il se dirigeait du nord-ouest de la mer des Caraïbes vers Maichetia, près de Caracas. Et d’assurer que l’avion américain n’avait pas répondu aux messages qui lui avaient été adressés. D’où l’envoi de Su-30 pour l’intercepter et l’escorter. En outre, il a diffusé un montage vidéo de cet incident.

Cela étant, et alors que Washington soutien le président autoproclamé par intérim Juan Guaido face au régime de Nicolas Maduro, qui peut se prévaloir de l’appui de Moscou, l’US SOUTHCOM a critiqué la Russie.

« Le régime de Maduro continue de saper les lois internationalement reconnues et de manifester son mépris pour les accords internationaux autorisant les États-Unis et d’autres pays à effectuer des vols en toute sécurité dans l’espace aérien international », a-t-il d’abord dénoncé.

Puis, a continué l’US SOUTHCOM, « cette dernière action démontre également le soutien militaire irresponsable de la Russie au régime illégitime de Maduro […] qui se caractérise par un comportement imprudent et négligent, qui porte atteinte à l’état de droit international et aux efforts de lutte contre les trafics illicites. »

Pour rappel, le Venezuela occupe une place centrale dans le trafic de drogue, notamment de cocaïne. Ce qui lui permet d’alimenter les « marchés » nord-américains et européens via l’Amérique centrale et les Caraïbes. Et l’armée y joue un rôle important, au point qu’elle est surnommée « le cartel de Los soles » [le cartel des soleils], en référence aux soleils qui figurent sur les uniformes vénézuéliens.

« Le trafic de cocaïne pèse lourd économiquement dans le contexte de crise actuel. On peut estimer de manière très large que cela alimente autour de 500 millions de dollars par an (l’économie nationale). Il faut se rappeler qu’avec les problèmes de crise économique et de crise monétaire du bolivar au Venezuela, l’apport de devises internationales utilisées par le trafic de drogues illicites est extrêmement important. C’est une rente en devises extérieures qui est significative », expliquait récemment David Weinberger, chercheur à l’Institut des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice [INHESJ], à RFI.

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