La Serbie commande des missiles sol-air MISTRAL 3 auprès de MBDA

Mistral Firing

Lors de la cérémonie ayant marqué le centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918, à Paris, un impair diplomatique fut commis à l’encontre d’Aleksandar Vučić, le chef d’État serbe. Ce dernier avait en effet été écarté de la tribune d’honneur, où figuraient pourtant Recep Tayyip Erdogan, le président turc, dont le pays s’était allié à l’Allemagne durant la Première Guerre Mondiale, et Hashim Thaçi, le président du Kosovo, où 30.000 soldats serbes perdirent la vie lors d’une bataillon contre l’armée bulgare, en novembre/décembre 1915.

L’impair était d’autant plus grand que, lors de la Grande Guerre, les forces françaises et serbes combattirent côte à côte. Qui plus est, la Serbie fut le pays le plus meurtri du conflit en proportion de sa population.

« Vous pouvez imaginer comment je me sentais. […] Il me semble que je regardais tout le temps le sol et l’écran, ne croyant pas ce que j’étais en train de voir devant moi et sachant le sacrifice fait par le peuple serbe dans la Première Guerre mondiale », racontera, plus tard, le président Vučić à la télévision serbe.

D’où l’enjeu de la visite officielle faite à Belgrade par le président Macron : tenter de recoller les morceaux, avec l’objectif de renforcer le renforcer le rôle de la France dans les Balkans où la Russie et la Chine exercice une influence grandissante. Une entreprise difficile étant donné les dossiers encore en suspens, comme l’adhésion de la Serbie à l’Union européenne et la question du Kosovo, les deux sujets étant par ailleurs liés.

Quoi qu’il en soit, les Serbes n’ont pas la rancune tenace… Du moins quand il s’agit de la France… En effet, le président a salué – en serbe – « l’exceptionnel accueil » qui lui a été réservé à Belgrade, où il a par ailleurs inauguré un monument rénové sur lequel est inscrit « Aimons la France comme elle nous a aimés. »

« Vous montrez ainsi que le message écrit sur ce monument ‘Aimons la France comme elle nous a aimés’ vit toujours, 100 ans plus tard », a lancé M. Macron en s’adressant à la foule. « C’est à mon tour de vous dire au nom de mon pays : la France vous aime comme vous l’avez aimée », a-t-il ajouté.

En tout cas, cette visite du président français en Serbie a été l’occasion de signer un contrat portant sur l’acquisition, pour les forces armées serbes, de systèmes de défense anti-aérienne à courte portée MISTRAL 3 [missile transportable anti-aérien léger], produits par MBDA.

« Avec cette première commande de missile européen, la Serbie devient le 32ème pays client du missile Mistral et le 10ème pays invité à rejoindre le Club des Utilisateurs Mistral. La Serbie pourra ainsi bénéficier d’un large retour d’expérience de la part des nombreuses forces armées utilisatrices du système en Europe et contribuer à la définition des futures évolutions de ces systèmes », a souligné le missilier, via un communiqué.

Outre les missiles MISTRAL, le contat signé par Belgrade, et dont le montant n’a pas été précisé, porte également sur l’acquisition de système de lancement MANPADS [Man-portable air-defense systems ] pour le personnel débarqué et d’équipements associés ainsi que sur la logistique et la « fourniture d’une assistance technique et matérielle devant permettre l’intégration » de ces munitions « sur les véhicules tout terrain PASARS des forces armées Serbes. »

En outre, MBDA ne manque pas de préciser que le MISTRAL 3 se « distingue par une très haute résistance aux contremesures infrarouges et par la capacité à engager des cibles aériennes à faible signature thermique, telles que missiles et drones. »

« Le contrat que nous sommes fiers de signer aujourd’hui dépasse largement la fourniture de matériel. La Serbie est invitée à rejoindre le club des utilisateurs européens du Mistral et devient un nouveau pays partenaire pour MBDA. Mais surtout, ce contrat est la première étape d’une coopération que nous allons construire avec la Serbie dont les objectifs de sécurité rejoignent largement ceux de la France et de l’Union Européenne », a fait valoir Éric Béranger, le Pdg de MBDA.

Pour rappel, le MISTRAL 3, de type « tire et oublie », peut atteindre la vitesse de 930 m/s. Facilement déployable, il affiche un taux de réussite de 97% contre des cibles aériennes, selon son constructeur.

Photo : © DGA Essais de missiles Site Landes

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