Libye : Mme Parly réfute tout don de munitions aux troupes du maréchal Haftar

D’habitude peu disert sur les opérations spéciales ou clandestines, le ministère des Armées a sans doute indirectement confirmé la présence de commandos français en Libye, en donnant des explications sur la présence de missiles anti-char américain Javelin lui appartenant dans un arsenal de l’Armée nationale libyenne [ANL], découvert après la prise récente de la ville de Gharyan par les milices loyales au Gouvernement d’unité nationale [GNA], mis en place sous l’égide des Nations unies.

D’ailleurs, le ministre des Affaires étrangères du GNA, Mohamad Tahar Siala, a demandé à son homologue français, Jean-Yves Le Drian, « d’expliquer de manière urgente le mécanisme par lequel les armes françaises découvertes à Gharyan sont parvenues aux forces de Haftar » [c’est à dire l’ANL] et de préciser « quand et comment elles ont été livrées. »

Dans sa synthèse hebdomadaire de l’actualité, le ministère des Armées a répété ce qu’il avait déjà affirmé au lendemain de l’article du New York Times ayant révélé l’origine de ces quatre missiles Javelin trouvés à Gharyan. C’est à dire qu’il s’agissait de munitions « endommagées et hors d’usage » qui avaient été « temporairement stockées dans un dépôt en vue de leur destruction », après avoir été « détenues » par un détachement français afin de pouvoir assurer sa propre sécurité.

La présence en Libye de forces spéciales françaises – et même de membres du Service Action de la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE] n’est pas un mystère. Elle avait été officiellement reconnue en 2016 et justifiée par la nécessité de combattre les organisations terroristes actives sur le territoire libyen.

Depuis, la branche libyenne de l’État islamique a perdu le contrôle de la ville de Syrte. Et les troupes du maréchal Haftar, qui relèvent du gouvernement de Tobrouk, ont « nettoyé » l’est et le sud de la Libye de la présence jihadiste.

Mais la teneur du texte diffusé par le ministère des Armées suggère que les commandos français étaient encore en Libye il y a encore peu. Voire qu’ils y sont encore.

« La France n’a pris qu’un seul parti, c’est celui de lutter contre le terrorisme. Il y a eu pas moins de neuf attaques de Daesh en Libye depuis janvier 2019. La Libye, est à moins de 2.000 kilomètres de Paris, et 1.000 kilomètres d’Ajaccio. Le ministère des Armées compte parmi ses missions cardinales, la protection des Français et ne reste pas inactif face aux menaces de groupes terroristes comme Daesh ou al-Qaïda », fait valoir le communiqué.

Interrogée sur cette affaire à l’antenne de Franceinfo, ce 12 juillet, la ministre des Armées, Florence Parly, a repris les élements contenus dans le communiqué publié par ses services. Et on comprend entre les lignes que ces missiles ont été abandonnés « récemment ». Cela étant, disposer de telles munitions sans poste de tir est comme se retrouver avec une bonne bouteille de vin rouge sans tire-bouchon… Ce qui relativise un peu les choses.

« Ils se trouve que ces missiles ont été mis hors d’usage. Ils étaient donc stockés dans un endroit qui était destiné à ensuite permettre leur destruction », a d’abord rappelé Mme Parly. « Pour des raisons qui tiennent à des évènements qui se déroulent en Libye, ces missiles n’ont pas pu être détruits à temps. Ils n’ont jamais été transférés à quiconque. Ils n’avaient qu’un seul usage prévu : celui de contribuer à la protection d’éléments français qui faisaient du renseignement dans le cadre de cette lutte contre le terrorisme », a-t-elle ajouté.

En outre, a encore assuré Mme Parly, « les propos que l’on peut lire ici ou là sur le fait que ces missiles étaient entre les mains, quels que soient les belligérants d’ailleurs, libyennes, sont des propos tout à fait faux ».

Reste que cela n’explique pas comment des missiles Javelin appartenant à l’armée française se sont retrouvés dans un arsenal de l’ANL, situé à une centaine de kilomètres de Tripoli… Ont-ils été récupérés dans cet entrepôt où ils devaient être détruits et dont on ignore la localisation? Ou bien a-t-on affaire à une mystification des milices pro-GNA?

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