Sans Barkhane, les pays du Sahel « s’effondreront sur eux-mêmes », prévient le général Lecointre

Confrontés à une activité jihadiste de plus en plus menaçant, le Burkina Faso et le Niger ont récemment demandé à la communauté internationale d’envisager la création d’une coalition afin de venir à bout de ce phénomène.

Pourtant, une coalition existe déjà, avec la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S], soutenue par la force française Barkhane et, pour ce qui concerne uniquement le territoire malien et la logistique, par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA].

Seulement, ne comptant que 5.000 soldats, fournis par le Tchad, la Mauritanie, le Niger, le Mali et le Burkina Faso, cette force conjointe peine à devenir opérationnelle, notamment en raison de déficits capacitaires qui peinent à être résorbés. En outre, les financements qui lui ont été promis tardent à être débloqués.

« Malheureusement, nous constatons que le terrorisme progresse » dans l’ouest de l’Afrique, a déclaré Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, qui ne ménage pas sa peine en faveur de la FC-G5S.

« Ca a commencé au Mali, puis c’est allé au Burkina Faso, au Niger et maintenant, quand on parle avec les présidents du Ghana, du Bénin, du Togo et de Côte d’Ivoire, ils vous disent que le terrorisme arrive à leurs frontières. Ce qui veut dire qu’il est essentiel que les forces africaines en charge du contreterrorisme aient le mandat et le financement adéquats », a continué M. Guterres, le 10 juillet, lors d’une conférence organisée à Nairobi pour évoquer la lutte contre le terrorisme en Afrique.

« Mais je dois dire que puisque les choses ont évolué ainsi, nous devrions être ouverts à des initiatives qui aillent au-delà du G5-Sahel », a ensuite estimé le secrétaire général de l’ONU. « Je pense maintenant qu’il serait important que nous soyons prêts à soutenir toute initiative africaine impliquant les pays de la région qui s’inquiètent de la propagation de la menace », a-t-il conclu.

Et la force Barkhane dans tout ça? Interrogé, à l’antenne de CNEWS, sur la situation dans la bande sahélo-saharienne, ce 11 juillet, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général François Lecointre, a souligné l’importance de la présence militaire française dans cette région.

« Si on n’est pas là, si on part demain et si avec les Européens qui nous accompagnent dans la gestion de cette crise très grave nous n’agissons pas, ces pays s’effondreront sur eux-mêmes, le terrorisme s’y développera de façon incontrôlée, pourra éventuellement gagner et s’exprimer ensuite en France et en Europe et par ailleurs on connaîtra des phénomènes de migration absolument phénoménaux », a ainsi expliqué le CEMA.

Seulement, la tâche est difficile… « La France ne peut pas en quelques mois, ni même quelques années régler un problème réparti sur un territoire très vaste, avec des gens qui sont au milieu des populations, qui les terrorisent », a enchaîné le général Lecointre, rappelant que la zone où Barkhane porte actuellement son effort [le Liptako Gourma, ndlr] a une superficie équivalent à celle d’un quart de la France.

« Le problème est par ailleurs bien plus large qu’un simple problème militaire. C’est un problème systémique, qui comporte des sujets de développement, de gouvernance, qui est aggravé par les tensions interethniques, par la sécheresse qui sévit au Sahel », a conclu le CEMA.

Photo : Ministère des Armées

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