Hélicoptères lourds de transport : L’armée de Terre envisage une coopération avec l’Espagne pour Barkhane

Menée entre le 7 et le 19 juin par la force Barkhane, l’opération Aconit aura permis de mettre hors de combat un groupe armé terroriste [GAT] présent dans le Liptako malien et lié à l’État islamique au grand Sahara [EIGS]. Mais elle aura aussi souligné l’importance des capacités qu’apportent les hélicoptères lours de transport.

En effet, lit-on dans un article publié par l’État-major des armées, un hélicoptère CH-47D Chinook de la Royal Air Force a été sollicité pour ravitailler les groupes commandos français et les soldats maliens qu’ils accompagnaient durant dix jours.

« Ravitaillé par un hélicoptère britannique Chinook (CH47) et par avion de transport tactique, les soldats de la force engagés ont pu mener l’opération durant 10 jours d’autonomie. Chacune de ces livraisons permettait l’acheminement de plus de 2500 litres de carburant, de 250 rations et plus de 2 tonnes d’eau », explique l’EMA.

La Loi de programmation militaire 2019-25 ayant une nouvelle fois fait l’impasse sur l’acquition d’hélicoptères lourds, pourtant demandée avec insistance par le Commandement des opérations spéciales [COS], les troupes françaises ont deux moyens pour s’en procurer : notifier un contrat à un prestataire privé [deux Mi-8 sont ainsi loués auprès de SNC Lavalin, ce qui ne va sans poser de questions, ndlr] et/ou solliciter une force alliée, comme c’est actuellement le cas avec la Royal Air Force, qui déploie, à Gao, trois CH-47D Chinook depuis l’été 2018.

Seulement, rien en garantit que les Britanniques maintiendront leur engagement au Mali. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Danemark a été approché pour fournir une telle capacité. Et les autorités danoises envisagent d’envoyer au Mali, en décembre prochain, deux hélicoptères AgustaWestland AW101 « Merlin ».

Lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale en qualité de chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Jean-Pierre Bosser a évoqué le problème des hélicoptères lourds. Un point auquel « nous sommes attentifs », a-t-il dit aux députés, surtout depuis « l’Afghanistan » qui « nous avait un peu mis la puce à l’oreille ».

« Si les Britanniques n’étaient pas à Gao, il nous manquerait un outil de projection lourd », a rappelé le CEMAT, pour qui il est « illusoire de croire que nous allons acquérir » de tels appareils. Du moins dans les années à venir.

Toutefois, le CEMAT n’a pas évoqué le déploiement d’AW101 « Merlin », ni même une éventuelle coopération franco-allemande [la Bundeswehr possède 68 hélicoptères CH-53G « Stallion », qu’elle va d’ailleurs remplacer, ndlr].

« Nous avons quand même des alliés qui disposent » d’hélicoptères lourds, « notamment les Espagnols, alliés extrêmement proches puisque nos brigades d’aérocombat sont très similaires », a relevé le général Bosser.

En effet, la Fuerzas Aeromóviles del Ejército de Tierra [FAMET], qui est une composante de l’Ejército de Tierra, a une organisation assez proche de celle de l’Aviation légère de l’armée de Terre.

« Si jamais, un jour, les Britanniques venaient à prendre un peu de distance dans la bande sahélo-saharienne, nous ferions appel à nos camarades espagnols », a-t-il confié, avant d’assurer qu’il n’est « pas très inquiet s’agissant des voilures tournantes ». En revanche, il l’est « davantage s’agissant des avions ». Faut-il y voir une pierre lancée dans le jardin de l’armée de l’Air?

Ce ne serait pas la première… Lors d’une précédente audition, le général Bosser avait renvoyé les questions relatives aux hélicoptères lourd aux aviateurs.

« La question doit aussi être posée à l’armée de l’Air qui, au cours de la construction de la LPM, avait envisagé de s’équiper d’hélicoptères lourds, qui sont très coûteux et ne sont pas nécessairement compatibles avec le modèle économique d’un pays tel que la France, alors que certains de nos alliés en disposent », avait lâché le CEMAT.

Cela étant, le chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAA], le général Philippe Lavigne, a une idée pour rémédier à ce déficit capacitaire. Et la solution passerait par l’Allemagne ou le Royaume-Uni.

« En ce qui concerne la coopération, les discussions sont en cours avec l’Allemagne et le Royaume-Uni, concernant soit le Chinook, soit le CH-53. Il n’y a rien dans la LPM à ce sujet. Cette coopération pourrait prendre la forme d’une capacité à former quelques pilotes mais nous n’en sommes qu’au début de la discussion avec nos partenaires allemands et britanniques », a récemment indiqué le CEMAA.

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