Vol MH-17 abattu en Ukraine : La justice néerlandaise accuse trois « ex-militaires » Russes et un séparatiste ukrainien
Ce 19 juin, à l’issue d’une enquête qui aura duré cinq ans, la justice néerlandaises a fait part de son intention de juger pour meurtre, en mars 2020, trois ressortissants russes et un séparatiste ukrainien pour leur responsabilité dans l’affaire du B-777 de la Malaysia Airlines [vol MH-17], abattu au-dessus de l’Ukraine le 17 juillet 2014, avec à son bord 283 passagers [dont 196 Néerlandais] et 15 membres d’équipage.
En dépit des dénégations [et des thèses fantaisistes] russes, le Bureau néerlandais pour la sécurité [OVV], chargé de l’enquête, avait déterminé dans un premier temps que le B-777 avait été abattu par une « 9N314M montée sur un missile de la série BUK 9M38M », tiré depuis une zone tenue par les séparatistes pro-russes du Donbass [sud-est de l’Ukraine].
Puis, l’OVV affirma que ce missile BUK avait été acheminé dans le Donbass depuis le territoire de la Fédération de Russie, où il retourna après le tir fatal au vol MH-17. Et, en mai 2018, les enquêteurs néerlandais furent encore plus précis en affirmant que le système de défense aérienne en cause avait été fourni par la 53e brigade anti-aérienne basée à Koursk, en Russie.
Parmi les quatre suspects identifiés par la justice néerlandaise, on trouve le colonel Igor Girkin [alias Strekkov]. Ancien officier du GRU, il a joué un rôle de premier plan dans l’insurrection du Donbass en 2014, au point de devenir le « ministre de la Défense » de la république populaire de Donetsk. Un poste qu’il quittera en août 2014, dans des conditions qui demandent encore à être précisées.
La présence du colonel Girkin parmi les accusés n’est pas une surprise : le 17 juillet 2017, un message publié sous son nom sur le réseau social Vkontakte avait suggéré la destruction d’un avion de transport An-26 des forces ukrainiennes… Et, un an plus tard, des familles de victimes du vol MH-17 avaient déposé une plainte contre lui, en l’accusant d’avoir « ordonné, aidé et/ou encouragé cette action et/ou conspiré avec les personnes ayant tiré le ou les missiles » contre le B-777 de la Malaysia Airlines.
Les deux autres ressortissants russes accusés sont Sergueï Doubinski [dit « Khmoury »] et Oleg Pulatov. Le premier est un ancien colonel du GRU [promu général par la république populaire de Donetsk]. Il lui est reproché d’avoir organisé et supervisé le transfert du système Buk de Russie en Ukraine [précisement près de la localité de Snizhne. Même chose pour Olev Pulatov, un ex-lieutenant-colonel des forces armées russes. Enfin, l’Ukrainien Leonid Karchenko complète la liste. N’ayant pourtant pas d’antécédents militaires et subordonné des trois premiers, il était à la tête d’un bataillon de reconnaissance dans la région de Donetsk en juillet 2014.
Ces quatre hommes seront très vraisemblablement jugés par contumace étant donné que la Russie n’extrade jamais ses ressortissants poursuivis à l’étranger. Et si les Pays-Bas et l’Ukraine ont ratifié un accord permettant des extraditions dans le cadre de cette affaire, il faudrait que Kiev réussisse à mettre la main sur Leonid Karchenko.
Par ailleurs, le transfert d’un système Buk de Russie vers l’Ukraine pose des questions sur la responsabilité de la chaîne de commandement des forces russes… Et sur ce point, on n’est pas près d’avoir le fin mot de l’histoire.