L’Otan pourrait remplacer ses avions E-3A AWACS par des E-7 Wedgetail de Boeing
Depuis 1982, la Force aéroportée de détection lointaine et de contrôle de l’Otan [NAEW&C] exploite 14 avions AWACS de type Boeing E-3 Sentry, depuis la base aérienne de Geilenkirchen [Allemagne]. Évidemment, ces appareils font continuellement l’objet de modifications afin de leur permettre de maintenir leurs capacités opérationnelles à niveau, en fonction de l’évolution des missions de l’Alliance.
Ces AWACS relèvent de l’Organisation de gestion du programme du système aéroporté de détection lointaine et de contrôle de l’Otan [NAPMA, pour Nato Airborne Early Warning and Control Programme Management Agency], à laquelle participent 16 États membres [Belgique, République tchèque, Danemark, Allemagne, Grèce, Hongrie, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Roumanie, Espagne, Turquie et États-Unis]. La contribution du Royaume-Uni à ce programme se traduit par la mise à la disposition des E-3D de la Royal Air Force à la NAEW&C.
« Dans le cadre du programme d’acquisition NAEW&C initial, et ensuite du programme à court terme, puis du programme à moyen terme, les pays membres de la NAPMA ont, ensemble, dépensé/engagé, pour les acquisitions et le suivi logistique, plus de 6,8 milliards de dollars – ce qui est prohibitif pour un seul pays, mais réalisable avec la contribution collective des pays de la NAPMO », explique l’Otan.
Et ce n’est pas fini : d’ici la fin de cette année, un contrat d’une valeur de 750 millions de dollars devrait être notifié à Boeing pour prolonger les 14 E-3 Sentry de la NAEW&C jusqu’en 2035. Et il est question d’attribuer un autre contrat, d’un montant de 250 millions de dollars, pour l’intégration de nouveaux systèmes et l’achat de pièces de rechange.
Reste que la question de ces avions se pose dès maintenant. « D’ici [2035], l’Alliance devra s’être dotée de la capacité qui succédera aux AWACS E-3. Sur la base de besoins militaires de haut niveau, nous avons décidé d’entamer collectivement le processus de définition des options possibles pour les futures capacités de surveillance et de contrôle de l’Otan », ont confirmé les Alliés, lors du sommet de Varsovie, en juillet 2016.
D’où le lancement de l’initiative AFSC [Future capacité de surveillance et de contrôle de l’Alliance], qui devrait valider une approche « système de systèmes ». Seulement, ces études prennent du temps, étant donné l’évolution rapide des menaces et l’apparition de nouvelles capacités.
Cela étant, pour le général allemand Michael Gschossmann, le directeur de la NAPMA, le remplacement des E-3 AWACS doit être décidé rapidement. Faute de quoi, l’Otan aurait à prendre des « mesures coûteuses » pour les garder en ligne plus longtemps.
« Nous devons agir. Nous devons veiller à ce que les études avancent rapidement », a confié le général Gschossmann à l’agence Reuters. Et selon lui, une solution toute prête existe : acquérir des Boeing E-7 Wedgetail, comme l’ont fait le Royaume-Uni et la Turquie.
« Nous devons veiller à acquérir un système qui présente un potentiel de croissance, mais qui repose également, pour des raisons financières et liées au temps, sur des capacités existantes », expliqué le directeur de la NAPMA.
« Pourquoi ne parions-nous pas sur la technologie éprouvée que nous avons déjà avec l’E-7 et d’en commander un certain nombre pour le compte de l’Otan? Cela nous donnerait une capacité de base qui pourrait être étendue à l’avenir « , a-t-il ajouté.
À noter que le même problème va se poser à l’armée de l’Air, dont les 4 E3-F AWACS resteront en service jusqu’en 2035. La Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 parle seulement de lancer des études en vue de leur remplacement à cet horizon.