Le ministère des Armées lance des études sur ses futures capacités spatiales dédiées au renseignement

Lancé en décembre 2018 par une fusée Soyouz depuis le Centre spatial guyanais, à Kourou, le satellite CSO-1 [Composante Spatiale Optique] prévu dans le cadre du programme européen MUSIS [Multinational Space-based Imaging System for Surveillance, reconnaissance and observation], devrait entrer officiellement en service l’été prochain, après d’ultimes essais en orbite.

Ce satellite sera rejoint par deux autres : CSO-2, dont le lancement est prévu en 2020 et qui aura la mission de fournir des images à « extrêmement haute résolution qui permettront d’atteindre des niveaux de détails jusque-là accessibles uniquement aux capteurs aéroportés », et CSO-3, qui sera mis sur la même orbite que celle de CSO-1 par une fusée Ariane 6.

Dans le même temps, le système CERES [capacité de renseignement électromagnétique spatiale] prendra son envol, avec, en 2020/21, la mise sur une orbite basse de trois satellites dont la mission sera de « détecter, localiser et caractériser depuis l’espace les signaux envoyés par les systèmes adverses, notamment les émetteurs de télécommunications et les radars. »

Ces programmes, dont les études ont été lancées vers la fin des années 2000, ne sont pas encore achevés que d’autres commencent à poindre pour les remplacer.

En effet, lors de l’ouverture du salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, le 17 juin, la ministre des Armées, Florence Parly, a parlé de renouveler, déjà, les capacités apportées par les constellations CSO et CERES avec le lancement de deux nouvelles études, appelées Iris et Celeste.

« Pour que nous gardions toujours l’avantage, pour que nos armées conservent leur supériorité sur le terrain, j’ai décidé de lancer deux nouveaux programmes spatiaux : le programme Iris, qui comme son nom le suggère, succédera à CSO pour renouveler notre capacité d’observation optique » et « le programme Céleste, pour succéder à Cérès et renforcer nos capacités de renseignement d’origine électromagnétique. »

« Nos opérations ne peuvent plus se passer de nos capacités spatiales qui contribuent de façon décisive à notre autonomie d’appréciation, de décision et d’action », a justifié Mme Parly.

Par ailleurs, a aussi souligné la ministre, l’espace est un domaine où les coopérations européennes trouvent tout leur sens. « L’Europe de la défense, c’est bénéficier de l’excellence de chaque pays. C’est pouvoir coordonner les savoir-faire de tout l’espace européen au profit d’une défense de meilleur niveau », a-t-elle dit. Et d’ajouter : « C’est quand l’Europe partage intelligemment ses ressources qu’elle est forte », comme elle le fait avec le programme MUSIS, qui fédére la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique et la Suède.

Pour rappel, dans le cadre de MUSIS, la France aura un accès au satellite allemand SARAh, de même que l’Allemagne pourra disposer d’images prises par la constellation CSO. Un même accord a été passé avec l’Italie pour le satellite COSMO-Skymed. Quant à la Suède, elle a autorisé les forces françaises à utiliser la station polaire de Kiruna comme site de réception des données collectés par les satellites CSO, en échange d’un accès à ces dernières.

En outre, et comme cela avait été annoncé en avril, le contrat relatif à la conception et la réalisation du segment sol du programme Syracuse 4 [système de radiocommunication utilisant un satellite] a officiellement été notifié à Thales par la Direction générale de l’armement [DGA], le 14 juin.

Pour rappel, les satellites Syracuse 4A et 4B, commandés en 2015, seront mis en service avant la fin de l’année 2022 afin de remplacer les satellites Syracuse 3A et 3B, lancés en 2005 et en 2006. Ces engins doperont les capacités de communication en bande X et en bande ka militaire, tout étant mieux armés pour faire face à différentes menaces [cybernétique, brouillage et même explosion nucléaire en haute altitude].

L’idée de placer un troisième satellite sur orbite d’ici 2030 avait en outre été avancée. Et la DGA l’a confirmée le 17 juin, en précisent qu’il sera « optimisé notamment pour une utilisation par les plateformes aéronautiques [connectivité accrue, drones…]. »

Photo : vue d’artiste de la constellation CERES, via Airbus

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