Au Bourget, Turkish Aerospace dévoile une maquette de son futur avion de combat de 5e génération
La maquette du New Generation Fighter [NGF] du Système de combat aérien futur [SCAF] sur lequel planchent Dassault Aviation et Airbus n’a pas été la seule à avoir été dévoilée à l’occasion de l’ouverture du salon de l’aéronautique et de l’espace, le 17 juin. En effet, Turkish Aerospace en a aussi profité pour présenter celle du TF-X, c’est à dire l’avion de combat de 5e génération que le constructeur turc développe dans le cadre d’un programme lancé en 2010.
Évidemment, étant donné que tout laisse à penser qu’Ankara devra renoncer à doter ses forces aériennes de l’avion F-35, développé par Lockheed-Martin, en raison de sa volonté de se procurer des systèmes russes de défense aérienne S-400, la communication autour du TF-X a pris un relief particulier.
Cependant, ce futur appareil n’est pas le pendant du F-35 américain, fruit d’un programme dans lequel l’industrie aéronautique turque est impliquée. Le TF-X sera avant tout un avion de supériorité aérienne, ayant des capacités air-sol. Comme le F-22 Raptor de l’US Air Force. D’ailleurs, dans les plans d’Ankara, les deux appareils devaient cohabiter au sein de la force aérienne turque.
Dans le détail, doté d’un radar à antenne active [AESA], le TF-X doit pouvoir voler à la vitesse de Mach 2, à l’altitude de 55.000 pieds [17.000 mètres]. Son rayon d’action serait de 600 km.
Mais la mise au point du TF-X vise à faire en sorte que la Turquie puisse disposer d’une industrie de l’armement forte et autonome.
« Nous avons promis à notre pays que ce serait le meilleur chasseur en Europe », a ainsi affirmé Temel Koti, le Pdg de Turkish Aerospace. « Le développement d’une industrie locale de défense forte et autosuffisante est une priorité du gouvernement turc », a, de son côté, fait valoir Abdurrahman Can, le sous-secrétaire turc chargé des industries de défense.
Cela étant, Turkish Aerospace a dû nouer des partenariats pour mener à bien ce programme, dont un avec le BAE Systems, en janvier 2017. « L’accord [d’une valeur de 100 millions de livres sterling, ndlr] confirme une coopération continue sur le design et le développement de l’appareil », avait expliqué, à l’époque, Ian King, alors Pdg du groupe britannique de défense.
Par ailleurs, la question de la motorisation reste épineuse. Dans un premier temps, le motoriste Rolls Royce était pressenti pour participer à ce projet. Finalement, les discussions n’ayant pas abouti, Turkish Aerospace a jeté son dévolu sur la famille des réacteurs F-110 de l’américain General Electric.
Une décision logique dans la mesure où TUSAŞ Engine Industries [TEI] assemble des moteurs F-110 sous licence en Turquie. Mais il s’agit d’une solution provisoire, dans l’attente de pouvoir disposer de moteurs produits par TRMotor. Une d
Seulement, les relations entre Washington et Ankara étant au plus bas, des complications ne sont pas à exclure. Pour le moment, le Pentagone menace « seulement » de sanctionner la Turquie pour l’achat des S-400 russes en la privant des F-35 qu’elle a commandés. Mais le Congrès pourrait aller plus loin, en vertu de la loi dite CAATSA [Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act], qui vise à empêcher tout commerce avec des entreprises russes du secteur de l’armement. En clair, Turkish Aerospace pourrait bien devoir se passer des moteurs F-110 [et cela aurait aussi des conséquences sur les F-16 turcs…]
Cependant, si cela devait arriver, le constructeur turc pourrait se tourner vers l’industrie russe. Cette dernière est d’ailleurs ouverte à une telle coopération.
Quoi qu’il en soit, selon la calendrier affiché par Turkish Aerospace, le premier vol du TF-X pourrait avoir lieu en 2023, voire en 2025 au plus tard. Et sa mise en service interviendrait en 2028.