Un tanker et un méthanier ont été les cibles de mystérieuses attaques près du détroit d’Ormuz

Un mois après le « sabotage » de quatre tankers [1 norvégien, 2 saoudiens et 1 émirati] au sud du détroit d’Ormuz, deux autres navires commerciaux ont été victimes d’incidents mystérieux quasiment au même endroit.

Ainsi, ce 13 juin, la 5e Flotte de l’US Navy, dont l’état-major est installé à Bahreïn, a indiqué avoir reçu deux « deux appels de détresse distincts, à 06H12 locales et un second à 07h00 locales », émis par deux navires ayant affirmé avoir été la cible d’une « attaque ». Le destroyer USS Bainbridge a ensuite été dérouté vers la zone concernée, c’est à dire à une vingtaine de milles du port iranien de Bandar-é Jask.

L’un des navires visés est le « Front Altair », propriété du groupe norvégien Frontline, battant pavillon des Îles Mashall et affrété par une société taïwanaise. Ce tanker, avec 23 marins à bord, venait de d’appareiller du port émirati d’Ar-Ruways, avec une cargaison de méthanol [chargée en Arabie Saoudite, ndlr], pour rejoindre celui de Kaohsiung, à Taïwan.

La Direction norvégienne des affaires maritimes a indiqué que trois explosions avaient été signalées à bord du Front Altair, alors qu’il naviguait à l’extrême sud du détroit d’Ormuz, dans les eaux internationales. « Aucun membre d’équipage n’a été blessé », a-t-elle ensuite assuré. Mais les dégâts causés ont contraint le capitaine à évacuer le navire. Les marins ont alors été recueillis à bord du cargo « Hyundai Dubai« , avant d’être confiés à une équipe de sauvetage iranienne.

Par ailleurs, le directeur général de Frontline, Robert Hvide Macleod, a démenti des informations d’origine iranienne qui affirmaient que le Front Altair avait coulé. Pour le moment, le tanker est en effet toujours à flot, mais en proie aux flammes.

L’autre navire victime d’un « incident de sécurité » est le « Kokuka Courageous », de l’opérateur japonais Kokuka Sangyo [filiale du singapourien BSM Ship Management] et battant pavillon du Panama. Les circonstances qui ont obligé les 21 membres de son équipage de ce méthanier attendu à Singapour ne sont pas très claires, le directeur de la compagnie nippone, Yutaka Katada, ayant parlé de « tirs ».

D’après Kyodo News, qui cite un communiqué de Kokuka Sangyo, un « trou semblant avoir été causé par une sorte d’obus d’artillerie » a été repéré sur le navire. Et ce serait un incendie ayant pris dans la salle des machines qui aurait motivé l’évacuation du méthanier. L’équipage a été pris en charge par « un navire se dirigeant vers les Émirats arabes unis. »

Cela étant, l’agence de presse iranienne Irna a affirmé les 44 marins avaient été sauvés par une « unité de secours de la marine [iranienne] de la province d’Hormozgan » avant d’être transférés au port de Bandar-é Jask ».

Par ailleurs, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a commenté ces attaques [présumées] via Twitter. « Des attaques contre des pétroliers liés au Japon ont eu lieu alors que le Premier ministre [japonais] Shinzo Abe était en réunion avec l’ayatollah Khamenei [guide suprême, ndlr] pour des discussions approfondies et amicales. Le suspicieux ne suffit pas à décrire ce qui transpire apparemment de ces attaques » , a-t-il dit.

Cela étant, si des responsables américains ont clairement accusé l’Iran pour le sabotage des quatre tankers commis en mai dernier, les Émirats arabes unis, l’Arabie Saoudite et la Norvège ont été beaucoup plus prudents en présentant les premières conclusions de leur enquête au Conseil de sécurité des Nations unies, la semaine passée.

« Bien que les investigations soient toujours en cours, il y a de fortes indications que les quatre attaques sont intervenues dans le cadre d’une opération sophistiquée et coordonnée menée par un acteur doté de fortes capacités opérationnelles, vraisemblablement un acteur étatique », ont en effet indiqué ces quatre pays, dans un communiqué conjoint.

Quoi qu’il en soit, ces nouvelles attaques ont immédiatement fait monter le cours du pétrole de 3% en Europe. Pour rappel, la région du détroit d’Ormuz est stratégique puisqu’environ 30% du trafic pétrolier mondial y transite. La conséquence du sabotage des quatre tankers au large des Émirats fut une augmentation quasi immédiate des primes d’assurance pour les armateurs.

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