Mali : Des civils ayant été tués à bord d’un pickup visé par un tir français, l’État-major des armées ouvre une enquête
Chaque incident impliquant des civils étant susceptible d’être exploité par la propagande jihadiste, des règles d’engagement précises s’appliquent aux militaires français engagés dans l’opération Barkhane. Seulement, il y a des situations particulièrement délicates à gérer, comme cela a été le cas le 8 juin, à l’ouest de Tombouctou [Mali].
Ainsi, explique l’État-major des armées [EMA], un détachement de la force Barkhane déployé dans un secteur connu pour être fréquenté par des groupes armés terroristes [GAT] a été « confronté à un véhicule suspect qui a refusé de se soumettre à un contrôle. »
Malgré plusieurs tirs de sommation effectués par les militaires français, le pick-up a continué à rouler vers leur direction. Ne pouvant deviner ses intentions, ils ont alors procédé à un tir pour stopper le véhicule. Tir qui a « causé de façon non intentionnelle l’explosion » du véhicule en question.
Selon l’EMA, il est ensuite apparu « que le pickup transportait une quantité importante de carburant ». D’où l’explosion… Mais aussi que deux adultes et un adolescent se trouvaient à son bord.
« Il a été procédé à leur inhumation conformément au droit international et dans le respect des coutumes locales », a précisé l’EMA, avant d’indiquer qu’un enquête « est en cours afin de faire toute la lumière sur les faits. »
La force Barkhane avait été mise en cause en décembre 2016 pour la mort d’un mineur, tué par le tir d’un hélicoptère Tigre lors d’une opération à Tigabaten, dans le nord du Mali. Et certains médias assurèrent, à l’époque, qu’il s’agissait d’un « jeune berger » envoyé chercher des ânes par ses parents.
Or, l’enquête de commandement menée par la suite ne releva « aucune faute individuelle ou collective dans l’usage de la force » dans la mesure où, avait expliqué la porte-parole du ministère de la Défense, la force Barkhane avait attaqué un « groupe de guetteurs agissant pour le compte d’un groupe armé organisé à caractère terroriste » qui « échangeaient des informations relatives à un convoi logistique de l’armée française approchant du secteur afin de permettre à des poseurs d’engins explosifs improvisés de tuer des soldats français. »
Et d’ajouter : « Et si l’un de ces guetteurs s’est avéré être un mineur, il apparaissait légitime de faire cesser une intention hostile dans le contexte opérationnel d’alors. »
Photo : archive (c) EMA