Pour contrer la Chine, l’Inde a inauguré un radar de surveillance côtière aux Maldives

Faisant partie du pré-carré de l’Inde, l’archipel des Maldives a connu, ces dernières années, des soubresauts politiques dont a profité la Chine pour avancer ses pions dans l’océan Indien. En 2008, le président Maumoon Abdul Gayoom, « converti » au multipartisme sous la pression populaire, fut battu par son opposant, Mohamed Anni Nasheed, qu’il avait plusieurs fois envoyé en prison pour ses opinions libérales.

Seulement, en 2012, ce dernier, contraint à la démission à la faveur d’un coup d’État, fut remplacé par Mohammed Waheed Hassan, qui était alors son vice-président. Puis, lors des élections de 2013, Abdulla Yameen, demi-frère de l’ex-président Gayoom, fut élu à la tête du pays. Dès lors, il amorça un rapprochement avec la Chine, allant jusqu’à signer un accord de libre-échange [le premier de l’histoire des Maldives, ndlr] et à promettre son soutien aux initiatives chinoises dans la région, notamment celles concernant le volet maritime des « nouvelles routes de la soie ».

Cela se traduisit par une inflation de travaux d’infrastructures réalisés par des groupes chinois, financés par des prêts généreusement accordés par Pékin. Évidemment, à New Delhi, cette incursion de la Chine dans sa zone d’influence fut très mal perçue, d’autant plus que l’archipel des Maldives n’était alors pas le seul à céder aux sirènes chinoises : le Sri Lanka et le Bangladesh également, de même que l’ennemi de toujours, le Pakistan.

« La présence stratégique croissante de la Chine en Asie du Sud qui pose problème [à l’Inde]. On pense en premier lieu à la stratégie du ‘collier de perles’ – des bases navales qui s’échelonnent de la Birmanie à Djibouti, en passant par le Bangladesh, le Sri Lanka et le Pakistan – mais aussi au renforcement des liens militaires entre la Chine et les pays frontaliers de l’Inde, y compris le Népal. Ces initiatives nourrissent les inquiétudes de New Delhi quant à une stratégie chinoise d’endiguement, voire d’encerclement de l’Inde », soulignait ainsi une dote de l’IFRI, publiée en avril 2017.

D’où la volonté de l’Inde d’établir une base navale aux Seychelles, d’obtenir un accord avec Paris afin de permettre à ses navires militaires de faire escale dans les ports français situés dans l’océan Indien et de renforcer sa présence militaire près du détroit de Malacca, un passage également stratégique pour Pékin.

Cela étant, la situation politique aux Maldives a évolué, après avoir connu un nouveau chaos en février 2018. Ainsi, après avoir fait arrêter ses opposants [dont son demi-frère Maumoon Abdul Gayoom] et instauré l’état d’urgence, Abdulla Yameen fut finalement battu, à la surprise générale, par Ibrahim Mohamed Solih, lors de l’élection présidentielle organisée cette année-là. Et, depuis, Malé regarde de nouveau vers New Delhi… Et cela s’est traduit par un renforcement des liens militaires.

Ainsi, le 8 juin, aux Maldives, le Premier ministre indien, Narendra Modi, et le président Ibrahim Mohamed Solih ont inauguré un radar de surveillance côtière [.pdf], qui contribuera « à la création d’un réseau d’informations sur le domaine maritime dans la région stratégique de l’océan Indien » ainsi qu’un centre d’entraînement militaire à Maafilafushi. Pour ces infrastructures, New Delhi a investi 26 millions de dollars.

« L’inauguration [du radar] prend toute son importance alors que la Chine considère les Maldives comme la clé de son projet de route maritime de la soie dans l’océan Indien, puisqu’elle a déjà acquis le port de Hambantota au Sri Lanka et celui de Djibouti dans la Corne de l’Afrique », souligne le quotidien The Hindu.

Par ailleurs, MM. Modi et Solih ont signé une série d’accord soulignant l’engagement de l’Inde et des Maldives à « combattre la piraterie, le terrorisme, le crime organisé et les trafics en tout genre via des patrouilles et une surveillance aérienne coordonnées, l’échange d’informations et l’augmentation des moyens. »

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