L’US Navy et la marine russe se rejettent la responsabilité d’un incident naval en mer des Philippines

Depuis 2014, il y a eu plusieurs incidents entre des navires américains et russes, généralement en Méditerranée ainsi que dans les régions de la Baltique et de la mer Noire. Et cela, malgré un accord de « bonne conduite » appelé INCSEA, signé en 1972 par les États-Unis et l’Union soviétique, afin justement de les empêcher.

En juin 2016, la frégate russe « Iaroslav Moudryï » avait été accusée par l’US Navy d’être à l’origine de deux incidents en Méditerranée orientale : l’un avec le destroyer USS Gravely, l’autre avec le croiseur USS San Jacinto.

Dans le premier cas, l’US Navy expliqua que, en manoeuvrant dangereusement près de l’USS Gravely, la frégate russe avait essayer « délibérément d’interférer » dans les opérations du porte-avions USS Harry S. Truman, que le destroyer américain escortait au moment des faits. Même chose pour l’USS San Jacinto, qui faisait alors partie du groupe aéronaval formé autour de l’USS Dwight D. Eisenhower, alors engagé dans les opérations contre l’État islamique [EI ou Daesh].

« Mener des manœuvres agressives et erratiques pour se rapprocher inutilement d’un autre navire en pleine mer est incompatible avec une navigation prudente », fit valoir, à propos des ces incidents, un responsable de l’US Navy. De son côté, Moscou avait nié toute responsabilité et rejeté la faute sur les navires américains.

Ce même scénario s’est joué… en mer de Chine orientale, ce qui est inédit. À la différence que c’est la marine russe qui a accusé, la première, le croiseur américain USS Chancellorsville d’avoir effectué des manoeuvres dangeureuses à proximité de l’un de ses destroyers.

« Aujourd’hui, à 6h35, heure de Moscou (3h35 GMT), dans la partie sud-est de la mer de Chine méridionale, alors que le détachement maritime russe de la Flotte du Pacifique se déplaçait parallèlement à un groupe d’attaque américain, l’USS Chancellorsville a soudainement changé de cap et a coupé la route du destroyer russe Amiral Vinogradov à seulement 50 mètres du navire », a en effet affirmé Flotte russe du Pacifique, via un communiqué.

« Pour éviter la collision, l’équipage de l’Amiral Vinogradov a été contraint à une manoeuvre d’urgence », poursuit la partie russe, qui souligne le caractère « inadmissible de telles actions ». Et de préciser qu’une note de protestation a été émise auprès du « commandement du navire américain. »

Seulement, l’US Navy conteste cette version. « Le 7 juin 2019, vers 11h45, alors qu’il opérait dans la mer des Philippines, un destroyer russe [Udaloy I DD 572] a effectué une manœuvre peu sûre contre le USS Chancellorsville [CG-62], se rapprochant ainsi à environ 50-100 pieds », affirme la 7e Flotte. Selon elle, le navire russe a « manoeuvré de l’arrière et à la droite » du croiseur alors qu’il « récupérait son hélicoptère sur une route et une vitesse stables. » Ce qui a contrait l’équipage américain « à manoeuvrer pour éviter une collision. »

« Nous considérons que les actions de la Russie au cours de cette interaction sont dangereuses et peu professionnelles et ne sont pas conformes au Règlement international pour prévenir les abordages en mer [RIPAM ou COLREG] et […] aux coutumes maritimes internationalement reconnues », fait encore valoir le communiqué de l’US Navy. Un responsable américain a confié à CNN que les images de l’incident pourraient être bientôt diffusée afin de contredire la version russe.

A priori, l’USS Chancellorsville fait partie de l’escorte du porte-avions USS Ronald Reagan, qui a appareillé de Yokosuka [Japon] le 22 mai dernier pour un déploiement en mer des Philippines. La composition du groupe constitué autour de ce navire n’avait pas été précisée par l’US Navy. En outre, le lieu exact où s’est produit l’incident est probablement situé vers les îles japonaises Senkaku [revendiquées par la Chine], lesquelles marquent la séparation entre la mer des Philippines et la mer de Chine orientale.

Le destroyer « Amiral Vinogradov » a déjà fait parler de lui en 2016, au moment de l’exercice aéronaval Rim of the Pacific [RIMPAC]. À l’époque, il avait surveillé de près le navire d’assaut amphibie USS America, alors engagé dans ces manoeuvres. Mais aucun incident n’avait été signalé.

Le commandant du destroyer russe « est expérimenté et a agi de manière professionnelle. Il a fait du très bon travail en manoeuvrant son navire », avait confié, à l’époque, le « pacha » de l’USS America, à USNI News.

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