Nexter est obligé de se passer de composants allemands pour honorer ses contrats à l’exportation

C’est un comble. Associé à l’allemand Krauss-Maffei Wegmann au sein de la holding KNDS, le français Nexter est contraint de se passer de composants fabriqués en Allemagne s’il veut être en mesure de livrer les blindés et les systèmes d’artillerie qui lui ont été commandés par des pays étrangers. C’est ce qu’a en effet expliqué son Pdg, Stéphane Mayer, lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale.

En cause? La politique plus que très restrictive de Berlin en matière de vente d’armes, notamment s’agissant de l’Arabie Saoudite mais aussi de pays comme l’Indonésie et l’Inde, où les groupes français ont récemment obtenu des contrats. Et cette politique fait qu’un matériel militaire produit ailleurs qu’en Allemagne ne peut pas être exporté s’il contient un boulon fabriqué outre-Rhin. C’est pour cette raison qu’Airbus envisage de se passer de composants allemands afin de pouvoir honorer ses commandes d’avions C-295, pourtant assemblés en Espagne. Même chose pour Arquus, qui s’est  désormais tourné vers l’américain Caterpillar pour la motorisation de certains de ses blindés.

« J’entends souvent mon collègue, coprésident de KNDS [Frank Haun], dire que, si cela continue, il va déplacer ses productions d’Allemagne en France. Je pense qu’il plaisante », a confié M. Mayer aux députés, avant d’envoyer une salve sur… Rheinmetall, qui, par ailleurs, cherche à mettre la main sur Krauss-Maffei Wegmann et, ainsi, prendre le contrôle de KNDS.

« J’observe qu’un autre acteur allemand, Rheinmetall, a, pour sa part, délocalisé des productions en Afrique du Sud ou dans d’autres pays, précisément pour exporter puisque ces usines lui permettent d’exporter dans des pays dans lesquels il n’aurait pas pu exporter depuis ses usines allemandes. Ce n’est pas médire, c’est de notoriété publique », a fait observer M. Mayer. Or, a-t-il ajouté, « nous ne faisons pas cela chez KNDS, ni chez KMW ni chez Nexter. »

Cela étant, il n’en reste pas moins que la politique allemande cause quelques difficultés à Nexter. Par exemple, le châssis de la version export du Camion équipé d’un système d’artillerie [CAESAr] est un Mercedes-Benz Unimog U2450…

« Je n’ai pas communiqué, comme Airbus, que cela m’a coûté tant de dizaines de millions de mon résultat 2018, ou comme Arquus, qui a cité des exemples », a dit M. Mayer. Mais à la question de savoir si l’approche allemande rend les choses plus compliquées pour Nexter, il a été catégorique. « Absolument », a-t-il répondu. « Et nous nous avons nous-mêmes dû changer certains composants allemands pour honorer les engagements de la France et de Nexter », a-t-il indiqué. « Le joint en est un exemple parmi d’autres, il y a aussi des boîtes de vitesses, des moteur… », a-t-il conclu.

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