Les ambitions revues à la hausse pour le programme SCORPION, Nexter a « quelques difficultés » à recruter

« KNDS est dans une excellente situation financière », a assuré Stéphane Mayer, le Pdg de Nexter et co-président de la holding formée avec l’allemand Krauss-Maffei Wegmann. « Nous avons conclu en 2018 un nouveau record de prises de commandes, légèrement supérieur à celui de l’année précédente, puisqu’il s’élève à 3,5 milliards d’euros contre 3,4 milliards d’euros en 2017 » et « notre carnet de commandes, à la fin 2018, s’élève donc à la somme significative de 7,8 milliards d’euros », a-t-il développé, lors d’une récente audition devant la commission de la Défense, l’Assemblée nationale.

Évidemment, le programme SCORPION [Synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation] tire l’activité de Nexter vers le haut, d’autant plus que la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 a augmenté le nombre de blindés Griffon et Jaguar qui entreront en service au sein de l’armée de Terre et qu’elle prévoit de doter l’armée de Terre de 32 CAESAr [camions équipés d’un système d’artillerie de 155mm] supplémentaires.

À cela, s’ajoutent la commande de 489 Véhicule blindé multi-rôles léger [VBMR] Serval, à livrer d’ici 2025, et le contrat belge CaMo [382 Griffon et 60 Jaguar]. Et, en outre, le bureau d’études de Nexter est bien occupé, notamment avec le projet de char franco-allemand du futur [MGCS – Main Ground Combat System].

Mais ce n’est pas le tout d’avoir un carnet de commandes bien nourri. Encore faut-il être en mesure de tenir la charge, c’est à dire de livrer les véhicules commandés dans les délais contractuels. D’où d’ailleurs le fait que Nexter a demandé à la Direction générale de l’armement [DGA] de ne « pas perturber les premières années de montée en cadence » du programme SCORPION.

« Le chiffre de 92 Griffon prévus pour 2019 était et reste de 92 Griffon. La montée en cadence s’appliquera sur les années futures, à partir de 2020, et surtout 2022, pour que les volumes rejoignent ce supplément de quantité », a expliqué M. Mayer.

Et la qualification du Griffon par la DGA devrait être obtenue d’ici le 1er juillet tandis que la livraison de ces 92 premiers exemplaires est attendue d’ici la fin de cette année.

Cela étant, Nexter a dû adapter son organisation industrielle afin de la rendre « plus compétitive » et « capable d’absorber les quantités supplémentaires » du programme SCORPION. Ce qui passe par un investissement de 60 millions d’euros sur son site de Roanne « pour faire face aux cadences françaises aussi bien qu’aux contrats export, […] notamment ceux signés dans le cadre de l’accord CaMo et ceux qui sont en cours », a souligné M. Mayer.

« Ce programme d’investissement nous permet de préserver le rôle de Roanne en tant que centre d’assemblage des véhicules Nexter, que ce soit le Jaguar, le Griffon, le Serval, la rénovation du Leclerc, le CAESAr, les VBCI s’il y en a, etc. », a fait valoir le Pdg de Nexter.

Outre les investissements pour améliorer son outil industriel, Nexter doit aussi recruter. Et c’est là que les difficultés commencent, même si, en 2018, le groupe a tenu ses objectifs en matière de recrutement.

« L’année dernière, nous avons recruté plus de 500 personnes pour une entreprise de 3 700 personnes, même si, parmi ces 500 personnes, un peu plus de 200 étaient destinées à remplacer des départs naturels à la retraite. Nous avons donc augmenté notre effectif d’un peu plus de 300 personnes, dans différents métiers, que ce soit dans les bureaux d’études pour faire face à charge de développement du Jaguar, du MGCS, des contrats export, mais aussi dans les usines, à Roanne notamment, autour de l’assemblage final », a indiqué M. Mayer aux députés.

Seulement, ce recrutement ne se fait pas sans mal. « Nous avons, en effet, quelques difficultés à recruter », a admis le co-président de KNDS. « Ce sont des quantités importantes. Dans les bassins d’emploi, notamment à Roanne, mais surtout à Bourges, nous ne trouvons pas localement de quoi répondre à tous nos besoins », a-t-il ajouté. Et d’expliquer que les « compétences ne sont pas toujours présentes », y compris à Versailles, où sont implantées la direction générale et une partie du bureau d’études du groupe.

« Les bassins d’emplois ne sont pas toujours aussi attractifs que nous le souhaiterions pour ceux qui n’y habitent pas. Ceux qui y habitent ne veulent généralement pas en partir, mais ceux qui habitent ailleurs ne veulent pas y venir. C’est malheureusement une histoire qui arrive dans de nombreuses régions », a continué M. Mayer.

Pour 2019, et toujours afin de faire face aux nouvelles commandes et à ses augmentations de cadences, Nexter doit encore recruter 500 personnes environ. Pour cela, a indiqué son Pdg, « nous avons véritablement augmenté notre puissance de feu en matière de recrutement : présence dans les forums, développement de l’image de l’entreprise, forum étudiants, plus de communication. » Et d’ajouter : « Nous réfléchissons aussi à notre politique de ressources humaines, pour être plus à attractifs, sans oublier bien sûr l’équilibre en matière de mixité et de parité. »

Photo : Usine Nexter de Roanne (c) armée de Terre

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