Incident entre un avion de patrouille maritime américain et un chasseur russe Su-35 en Méditerranée
Les incidents aériens impliquant des avions de renseignement américains et des chasseurs russes se produisent généralement dans l’espace aérien international situé au-dessus de la mer Baltique et de la mer Noire. Et ils donnent lieu, à chaque fois, à des échanges d’amabilités entre le Pentagone et le ministère russe de la Défense, le premier faisant état de « manoeuvres non professionnelles et dangereuses », ce que récuse fermement le second.
Cette fois, ce n’est pas au-dessus de la mer Noire ou de la mer Baltique qu’un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon de l’US Navy aurait été intercepté de façon dangereuse… mais en Méditerranée.
Ainsi, le 4 juin, un « P-8A Poseidon volant dans l’espace aérien international au-dessus de la mer Méditerranée a été intercepté par un Su-35 russe à trois reprises en l’espace de 175 minutes », relate la 6e Flotte de l’US Navy, via un communiqué.
La première interception a été jugée « sûre », comme la troisième. En revanche, lors de la seconde, le Su-35 a effectué un « passage à grande vitesse » devant l’avion de patrouille maritime américain, ce qui « a mis son équipage en danger » en raison des turbulences ainsi provoquées, est-il expliqué dans le communiqué. Cet épisode a duré 28 minutes, y est-il encore précisé.
Pour rappel, le P-8A Poseidon est un avion de patrouille à long rayon d’action dédié à la lutte anti-sous-marine [ASM]. Il est notamment doté d’un radar de surveillance maritime AN/APY-10 ainsi que d’une suite de guerre électronique. Il peut mettre en oeuvre des missiles antinavires, des torpilles, des mines ainsi que des bouées acoustiques.
« Alors que l’avion russe opérait dans l’espace aérien international, cette interaction a été irresponsable. Nous attendons à ce que [les Russes] se conforment aux normes internationales en matière de sécurité et de prévention des incidents », et « notamment à l’Accord de 1972 pour la prévention des incidents en mer et au-dessus de la mer [INCSEA] », a ensuite fait valoir la marine américaine, selon qui l’attitude du P-8A Poseidon était « conforme au droit international » et ne justifiait pas « cette activité russe. »
Cela étant, le communiqué de la 6e Flotte ne donne pas d’indication sur la position du P-8A Poeseidon au moment de son interception. Cette information a été donnée par le ministère russe de la Défense, qui a réfuté toute manoeuvre dangereuse.
Ainsi, selon Moscou, le Su-35 a décollé de la base aérienne de Hmeimim, en Syrie parce que l’avion de patrouille maritime américain s’approchait de « l’installation navale russe de Tartous. » Et d’assurer que le chasseur russe s’était approché du P-8A Poseidon à « une distance sûre ».
Cependant, après un incident du même genre s’étant produit en mer Noire, près de la Crimée, le ministère russe de la Défense avait assumé les manoeuvres dangereuses de ses pilotes. « Si cela cause une dépression ou une phobie chez les pilotes américains, nous conseillons à la partie américaine d’éviter les vols à proximité des frontières russe ou qu’elle revienne à la table des négociations pour convenir d’un ensemble de règles pour de tels vols », avait-il affirmé.
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