L’US Navy serait sur le point de tester enfin son canon électromagnétique

Il y a quelques temps, l’Office of Naval Research [ONR] avait annoncé que le canon électromagnétique sur lequel il travaillait depuis 2005, allait être prêt pour des essais opérationnels. En outre, il était même prévu de mobiliser l’USNS Millinocket ou l’USNS Trenton, deux navires de type JHSV [Joint High Speed Vessel] à cette fin. Seulement, ces tests n’eurent jamais lieu.

En février dernier, l’amiral John Richardson, le chef d’état-major de la marine américaine, a sévèrement critiqué la conduite de ce projet, pour lequel plus de 500 millions de dollars ont été investis. « C’est une leçon sur la façon de ne pas développer d’armes », avait-il dit, critiquant la lenteur de ce programme alors que, dans le même temps, à Pékin, les médias rapportaient qu’une telle arme avait déjà fait l’objet d’essais préliminaires en mer, à bord du navire d’assaut amphibie Haiyang Shan.

Quoi qu’il en soit, et d’après un document [.pdf] détaillant l’impact sur l’environnement des exercices qu’elle entend prochainement mener, l’US Navy serait sur le point de tester enfin son canon électro-magnétique.

Ce dernier sera « testé à bord de navires de surface, tirant des projectiles explosifs et non explosifs sur des cibles aériennes ou navales », est-il indiqué dans ce document de 1.800 pages, évoqué par le quotidien The Seattle Times.

Jusqu’à présent, l’ONR a testé son canon électromagnétique sur le polygone de tir du Naval Surface Warfare Center de Dahlgren, en Virginie.

Pour rappel, le principe d’une telle arme consiste à faire circuler un courant électrique très intense couplé à un champ magnétique entre deux rails parallèles conducteurs d’électricité. Grâce à la force de Laplace, résultante de celle de Lorenz, un projectile subit une forte accélération avant d’être éjecté à une vitesse d’au moins cinq fois la vitesse du son. Ce qui peut le projeter à une distance de 200 km.

Un canon électro-magnétique présente plusieurs avantages : il permet de frapper une cible à une distance de sécurité, il n’est plus besoin de stocker des explosifs à bord d’un navire et un tir est peu coûteux [de l’ordre de 50.000 dollars].

En revanche, sa mise au point suppose de relever plusieurs défis. Le premier porte évidemment sur l’énergie nécessaire pour tirer un projectile. Et le besoin sera d’autant plus important que cette énergie doit être disponible instantanément et de façon répétée s’il s’agit de tirer des salves.

Ainsi, la Direction générale de l’armement [DGA], qui soutient le développement d’une telle arme [mais pour le combat terrestre, ndlr] par l’Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis [ISL], explique que pour envoyer un obus à 200 km, il faut une « quantité d’énergie pas considérable, mais délivrée en un instant tellement court que la puissance électrique nécessaire est comparable à celle nécessaire pour une ville de 500.000 d’habitants. »

Un autre défi concerne l’usure prématurée des composants, soumis à de fortes contraintes physiques. Enfin, se pose la question du guidage des projectiles tirés. Sur ce point, l’US Navy peut compter sur le « High-velocity projectile », développé par BAE Systems.

Photo : US Navy

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