L’armée de Terre expérimente avec succès l’impression 3D pour réparer des Véhicules blindés légers
Début avril, l’US Marine Corps a indiqué avoir mené une expérimentation visant à intégrer des pièces détachées fabriquées par une imprimante 3D sur ses chars de combat M1A1 Abrams. Et cela, afin de remédier à des soucis d’approvisionnement. Le principal défi porte sur la fiabilité des composants ainsi produits, dans la mesure où ces derniers sont soumis à de fortes contraintes.
Visiblement, après 100 heures d’essai, les pièces obtenues par impression 3D ont tenu le coup. Aussi, ce procédé est ouvre de nouvelles perspectives pour plusieurs raisons : les délais pour obtenir un composant sont considérablement raccourcis [il faut six à 10 mois aux Marines pour obtenir une pièce] et les coûts s’en trouvent en plus réduits. En outre, cela facilite la tâche des mécaniciens quand le véhicule qu’ils doivent remettre en état est ancien.
D’où l’intérêt que nourrit également l’armée de Terre pour l’impression 3D. Ainsi, grâce à son pôle ingénierie de Tulle, la 13e Base de soutien du matériel [13e BSMAT], en collaboration avec le Service de la maintenance industrielle terrestre [SMITer], a lancé une première expérimentation avec une imprimante 3D [désormais désignée par le sigle I3D…].
L’objet de cette expérimentation était de mesurer les possibilités offertes par l’impression 3D en matière de Maintien en condition opérationnelle [MCO] et aussi de palier à « à l’obsolescence de certains composants notamment sur la ligne de production » des Véhicules blindés légers [VBL], explique le SIRPA Terre.
Elle ainsi permis à « valider la capacité de la 13e BSMAT à maîtriser l’ensemble du processus de numérisation mais aussi de montrer que la fabrication de pièces à géométrie complexe est techniquement réalisable en cas d’obsolescence du matériel », ajoute le SIRPA Terre.
Pour rappel, l’impression 3D permet de fabriquer un objet par la juxtaposition de couches successives d’un matériau en fonction de plans élaborés par CAO [Conception assistée par ordinateur]. Et on peut ainsi produire des pièces mécaniques complexes en s’affranchissant des contraintes liées aux techniques traditionnnelles, comme l’usinage, le moulage ou l’assemblage [soudures].
L’expérimentation conduite par la 13e BSMAT a concerné deux pièces d’un VBL. L’une des deux, d’une dimension « importante », a été produite dans le cadre d’un partenariat privé inédit. Elle a ensuite été testé avec succès à la fois sur un banc de tests moteurs et sur route.
« Grâce à cette première expérimentation, le MCO-T dispose à présent de la capacité à produire en toute autonomie un modèle numérique d’une pièce à géométrie complexe », fait valoir l’armée de Terre. La 13e BSMAT n’entend pas s’arrêter en si bon chemin puisque son pôle ingénierie mène actuellement d’autres expérimentations dans le domaine de l’outillage et de la conception de mécanismes avec des « composants en polymère I3D ».
Lors de la présentation de la réforme du MCO-T, en juillet 2018, il avait d’ailleurs été souligné que le programme Scorpion constituait une « opportunité » pour mettre en place de nouvelles technologies comme l’impression 3D et les capteurs intelligents.
« Je veux miser, aussi, sur l’impression 3D. C’est un secteur en plein essor. Dans un futur proche, il permettra de produire des pièces manquantes, directement sur les théâtres d’opération, de faire des économies d’échelle remarquables et de révolutionner notre chaîne logistique. Beaucoup reste à faire, je le sais, mais nous ne passerons pas à côté d’une technologie aussi cruciale », avait à l’époque insisté Florence Parly, la ministre des Armées.