Pour le général Lavigne, l’armée de l’Air doit remplacer ses hélicoptères Puma avant 2028

L’armée de l’Air dispose actuellement de 76 hélicoptères, dont 40 Fennec, des Caracal, deux EC225 et une petite vingtaine de Puma. Et il n’est pas question de moderniser cette flotte d’ici 2028. Du moins, c’est ce qu’affirme la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, laquelle a repoussé à 2028 les livraisons d’hélicoptères interarmées légers [HIL], censés remplacer plusieurs types d’appareils.

Or, cela pose un sérieux problème à l’armée de l’Air, confrontée à des ruptures temporaires de capacité [RTC] pour ses missions d’alerte « recherche et sauvetage » [SAR] ainsi qu’à des difficultés récurrentes dans le cadre de l’opération Harpie, en Guyane. Affichant 40 ans de service, ses Puma ont vu en effet leur taux de disponibilité tomber à 30,70% au premier semestre 2017 et le coût de leur maintien en condition opérationnelle [MCO] ne cesse de grimper.

Normalement, il est prévu de remplacer ces Puma par des HIL [basé sur le H-160 d’Airbus Helicopters]. Or, cette solution n’est pas satisfaisante pour l’armée de l’Air.

« Les hélicoptères Fennec et Puma, que le HIL doit remplacer dans l’armée de l’air, ne sont pas de la même gamme. Le H160 conviendra pour les missions actives de sûreté aérienne assurées aujourd’hui par les Fennec, mais pour le remplacement des Puma, mieux vaut un hélicoptère de manœuvre », avait ainsi expliqué le général André Lanata, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAA], cité dans un rapport pour avis rédigé par le député Jean-Charles Larsonneur en octobre 2017. Qui plus est, il avait aussi mis en garde contre « un risque afférent à la logique d’homogénéisation des parcs d’hélicoptères », qui reviendrait in fine à « faire un mouton à cinq pattes, sur mesure et coûteux, pour lequel on multiplierait le nombre de kits. »

Quoi qu’il en soit, et comme ce fut le cas pour la Marine nationale avec ses antiques Alouette III, l’armée de l’Air n’a pas le temps d’attendre pour remplacer ses Puma. C’est ce qu’a indiqué le général Philippe Lavigne, l’actuel CEMAA, lors d’une audition à l’Assemblée nationale.

« Notre flotte d’hélicoptères Puma est hors d’âge, et affiche une disponibilité insuffisante pour couvrir le fort besoin opérationnel outre-mer. Or, la perspective de leur renouvellement est lointaine », a souligné le général Lavigne. Aussi, a-t-il ajouté, « nous travaillons à des options pour les remplacer de façon anticipée et maîtrisée en termes de coûts. »

Plus loin, le CEMAA a précisé que l’armée de l’Air « est en train de proposer une façon innovante » pour remplacer les Puma « plus rapidement à coûts maîtrisés, en réduisant le coût de cette maintenance aéronautique et en réallouant les crédits ainsi économisés sur une flotte plus moderne et donc plus disponible. » Mais il n’en a pas dit plus sur ce projet qui se veut « innovant ».

Dans l’attente de l’arrivée des premiers HIL, la Marine nationale a fait le choix de louer une dizaine d’hélicoptères Dauphin et trois H160 au secteur privé pour remplacer ses Alouette III, dont le coût de l’heure de vol a augmenté de plus de 100% au cours de ces dernières années [soit 11.000 euros] . Selon un récent rapport de Jean-Jacques Bridey, le président de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale, le coût de cette opération serait de « 260 millions d’euros pour dix années d’exploitation. »

Reste donc à voir quelle solution « innovante » et à coûts « maîtrisés » va proposer le général Lavigne. Et surtout quel sera le type d’appareil qui sera retenu [H155, H175, H215M ou autres?].

Par ailleurs, le général Lavigne a indiqué le Caracal de l’armée de l’Air qui avait été détruit en opération il y a quelques temps sera enfin remplacé. Pour rappel, il aurait dû l’être en 2017, mais la coupe de 850 millions d’euros décidée en juillet de cette année-là en avait eu raison.

Enfin, s’agissant des hélicoptères lourds de transport, qui font cruellement défaut aux forces françaises, le général Lavigne avait précisé, lors d’une précédente audition, qu’une coopération était envisagée avec l’Allemagne. Depuis, les choses ont évolué puisque des discussions ont commencé avec les Britanniques, lesquels ont déployé 3 CH-47 Chinook de la Royal Air Force au Mali, afin d’appuyer la force Barkhane.

« En ce qui concerne la coopération, les discussions sont en cours avec l’Allemagne et le Royaume-Uni, concernant soit le Chinook, soit le CH-53. Il n’y a rien dans la LPM à ce sujet. Cette coopération pourrait prendre la forme d’une capacité à former quelques pilotes mais nous n’en sommes qu’au début de la discussion avec nos partenaires allemands et britanniques », a en effet confié le CEMAA.

Photo : Anthony Jeuland (c) armée de l’Air

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