L’armée de l’Air va former des pilotes de drones dès le début de leur carrière militaire

Au sein de l’armée de l’Air, il fut un temps où il y avait une distinction entre les pilotes passés par l’École de l’Air et ceux ayant suivi la filière EOPN [officiers sous contrat et ORSA]. Et il y en aura sans doute une autre dans les années à venir, entre les personnels navigants [PN] et les « pilotes à distance » qui mettront en oeuvre les drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper et MALE RPAS.

Pour le moment, les pilotes à distance de l’escadron de drones 1/33 « Belfort » sont essentiellement issus du personnel navigant, pourvu qu’ils aient, au minimum, la qualification de sous-chef de patrouille. Seulement, d’ici 2030, l’armée de l’Air disposera de 8 systèmes de drones MALE, soit 24 appareils au total.

La ressource en pilotes d’aéronefs n’étant pas inépuisable, l’armée de l’Air a donc ouvert une filière de pilotes à distance « ab initio ». Déjà, quatre candidats à cette spécialité ont été incorporés en novembre dernier.

« Le contexte d’engagement et les menaces auxquelles les forces doivent faire face tous les jours, sont consommateurs de drones, c’est la raison pour laquelle l’augmentation des effectifs est devenue une nécessité », explique le ministère des Armées.

Les futurs pilotes à distance suivront la filière EOPN. Leur cursus, qui s’étalera sur 71 semaines, débutera par une formation de pilote de planeur et d’avion léger au Centre d’excellence drone [CED] de la base aérienne 701 de Salon-de-Provence.

Cette phase vie à leur faire « acquérir les compétences nécessaires en pilotage et le ‘sens de l’air’ pour voler dans l’espace aérien », explique le lieutenant-colonel Romain, le commandant de l’ED 1/33 Belfort. « Cette première étape de la formation permet au pilote de savoir s’intégrer dans l’espace aérien et d’être apte à coordonner un ensemble d’aéronefs, situation à laquelle il est régulièrement confronté en opération extérieure », ajoute-t-il.

Ensuite, l’élève-pilote à distance poursuivra sa formation à Cognac, au sein de l’Escadron de transformation opérationnel sur drone [ETOD] 3/33 « Moselle ». Il s’agira de lui inculquer des compétences spécifiques, comme le pilotage de drone par satellite, grâce notamment à la simulation.

Puis, la dernière partie de la formation se concentrera sur l’acquisition des savoir-faire tactiques. Actuellement, elle se fait aux États-Unis mais elle devrait se dérouler exclusivement à Cognac dans un avenir proche.

« Cette phase de la formation repose sur le volet renseignement et la capacité à coordonner des missions comprenant d’autres moyens au sol comme en vol et à l’engagement du feu, avec l’arrivée de l’armement », détaille le lieutenant-colonel Romain.

Enfin, le pilote à distance aura à obtenir d’autres qualifications par la suite, afin de « rendre ce cursus normé et attractif, tout en évoluant avec les capacités futures de l’armée de l’Air, à l’ère de l’innovation », précise le commandant de l’ED 1/33 Belfort.

Pour accompagner cette montée en puissance dans le domaine des drones, et comme cela avait déjà été annoncé en juillet 2018, l’armée de l’Air va recréer la 33e Escadre de reconnaissance sous une nouvelle appellation, à savoir la « 33e Escadre reconnaissance, de surveillance et d’attaque. »

D’ici 2030, l’armée de l’Air devra compter entre 80 et 100 pilotes à distance, dont 2/3 issus du recrutement « ab initio » et 1/3 venus d’escadrons opérationnels. Il s’agira ainsi de « maintenir cette polyvalence et ce savoir-faire propres au pilotage des drones. »

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