L’État islamique a revendiqué l’embuscade qui a coûté la vie à 28 soldats nigériens

Lors de sa deuxième apparition publique, via une vidéo diffusée le 30 avril, le chef de l’État islamique [EI ou Daesh], Abou Bakr al-Baghdadi, a formellement reconnu l’allégeance [bay’ah] d’Abou Wali al-Sahraoui, le chef de l’État islamique dans le grand Sahara [EIGS] tout en demandant à ce dernier « d’intensifier ses attaques contre les ‘croisés’ français et leurs alliés ».

Ces derniers mois, la force Barkhane a porté des coups sévères à l’EIGS, notamment dans la région de Menaka. En août 2018, l’un des principaux lieutenants d’al-Saharaoui, Mohamed Ag Almouner, a même été tué lors d’une frappe française. Or, ce chef jihadiste avait conduit l’assaut qui coûta la vie, près d’un an plus tôt, à quatre commandos américains près de la localité de Tongo Tongo, au Niger.

Et c’est précisément dans ce secteur que 28 soldats de la 112e compagnie spéciale d’intervention de l’armée nigérienne ont perdu la vie, lors de combats intenses contre un groupe armé terroriste [GAT], le 15 mai.

Tout a commencé avec l’attaque de la prison de haute sécurité de Koutoukalé par une dizaine d’hommes armés. Le détachement lancé aux trousses de ces derniers s’est ensuite fait piéger dans les environs de Baley Beri, près de Tongo Tongo, sur un terrain qui avait semble-t-il été bien préparé par les assaillants, avec avec le sabotage des antennes et des relais téléphoniques ainsi qu’avec la pose d’engins explosifs improvisés.

« Une colonne militaire de Forces armées nigériennes (FAN) en mouvement a été prise à partie par des terroristes lourdement armés dans une attaque complexe à base d’engins explosifs improvisés », a ensuite indiqué le ministère nigérien de la Défense dans un communiqué faisant de 17 tués, 6 blessés et 11 portés disparus.

Puis, ce bilan a été revu à la hausse selon une source sécuritaire sollicitée par l’AFP. « Nous avons la confirmation que les corps sans vie des onze soldats portés disparus ont été retrouvés, ce qui porte le bilan à 28 morts », a-t-elle affirmé.

Une autre source sécuritaire a indiqué que l’embuscade avait été tenduepar une « groupe terroriste composé de centaines d’hommes lourdement armés venus du Nord. »

Selon le ministère nigérien de la Défense, des renforts ont été envoyés dans le secteur afin de « neutraliser les assaillants qui se sont exfiltrés vers le Nord. » Et d’ajouter : « Des opérations de ratissage se poursuivent dans la zone avec l’appui des partenaires. » A priroi, la Force Barkhane ne serait associée à ces opérations.

Comme on le soupçonnait, le groupe armé terroriste [GAT] à l’origine de cette attaque meutrière est l’EIGS. Du moins, c’est ce qu’affirme Amaq, le canal de propagande de l’État islamique. En outre, via le même communiqué, l’organisation jihadiste a aussi revendiqué l’attaque contre la prison de Koutoukalé, située à 45 km seulement de Niamey, où sont basés des éléments de Barkhane [drones] ainsi que des militaires allemands et américains. À ce sujet, estime Wassim Nasr, de France24, cela « montre que le rayon d’action des jihadistes s’élargit. »

En outre, après les actions de Barkhane dans la région de Menaka, on pouvait penser que les capacités opérationnelles de l’EIGS avaient été amoindries. Or, l’embuscade de Baley Beri montre que le groupe a su les renouveler…

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