L’US Air Force va commander quelques A-29 Super Tucano pour son programme d’avion d’attaque léger

Au lendemain de la Guerre Froide et de la Guerre du Golfe, l’US Air Force comptait 2.893 avions de combat et 661 bombardiers, contre respectivement 1.755 et 157 actuellement. Or, si la stratégie américaine vise à contrer les ambitions de la Chine et de la Russie, qualifiées de « puissances révisionnistes » dont l’objectif de « créer un monde compatible avec leurs modèles autoritaires », les conflits de basse intensité ou de contre-insurrection de disparaîtront par enchantement dans les années qui viennent.

D’où le dilemne pour l’aviation américaine : pour rivaliser avec les forces aériennes chinoises et russes, elle a besoin de ses avions les plus modernes [et performants], taillés pour opérer dans les espaces aériens contestés et non pour faire de l’appui-feu dans une guerre contre-insurrectionnelle. En clair, utiliser, par exemple, un F-35A pour frapper des positions talibanes reviendrait à utiliser un marteau pour écraser un moustique.

D’où l’idée portée par John McCain, alors président du comité sénatoriale des forces armées : doter l’US Air Force de 300 avions d’attaque légers des missions de lutte contre le terrorisme et d’appui aérien rapproché dans des environnements permissifs , ce qui lui permettrait de concentrer ses moyens sur des menaces plus « complexes ».

Cela étant, un tel projet n’était pas nouveau : depuis une dizaine d’années, l’US Navy et l’US Air Force avaient tenté de convaincre le Congrès de leur attribuer des fonds pour aller dans cette voie… Mais cela leur fut refusé, la priorité, à l’époque, étant le développement du F-35.

Quoi qu’il en soit, les choses ayant depuis évolué, le chef d’état-major de l’US Air Force, le général David Goldfein reprit cette idée à son compte et lança le programme OA-X. Et, en 2017, plusieurs appareils furent évalués, dont l’A-29 Super Tucano de Sierra Nevada Corp [associé au brésilien Embraer], l’AT-6 Wolverine Texan II de Beechcraft Corp [filiale de Textron], le Scorpion de Textron Aviation et l’AT-802L [ou OA-8] Longsword d’Air Tractor Inc et L3.

Puis, à l’issue d’une première phase d’expérimentations, seuls l’A-29 Super Tucano et l’AT-6 Wolverine Texan II furent retenus. Seulement, le programme fut arrêté en juin 2018, après l’accident mortel d’un A-29, sur la base aérienne de Holloman, au Nouveau-Mexique. Et depuis, l’US Air Force a soufflé le chaud et le froid sur ses intentions.

En effet, une demande de propositions aux industriels concernées, qui aurait dû être publiée en décembre 2018, ne le fut finalement pas. Il fut ensuite avancé que d’autres options étaient à l’étude, comme celle consistant à retenir le futur avion d’entraînent TX, conçu par Boeing et Saab, pour mener des missions d’attaque au sol. Puis il fut prêté à l’US Air Force l’intention d’annuler en catimini le programme OA-X.

En réalité, une explication fut donnée en mars dernier par le général Goldfein : des expérimentations supplémentaires s’avéraient nécessaires pour faire un choix définitif. Et, grâce au reliquat des 200 millions de dollars accordés par le Congrès pour ce programme, il était envisagé d’acquérir une « poignée » d’avions et de les affecter à la base de Nellis [Nevada] et de Hurlburt Field [Floride], où est implanté le quartier général des forces spéciales de l’US Air Force.

D’après les confidences faites, à l’époque, à Defense News par Ann Stefanek, la porte-parole de l’Air Force, l’idée était de se procurer, au minimum, « deux ou trois » avions de chaque type. En outre, l’US Marine Corps fit part de son intention de se joindre à ce programme.

Finalement, le 8 mai, l’Air Force Material Command [AFMC] a diffusé un avis ambigu. « Sierra Nevada Corporation est la seule entreprise qui semble posséder la capacité nécessaire pour satisfaire les exigences de l’US Air Force dans les délais impartis », indique cette notification. Et de préciser qu’un contrat lui serait attribué au quatrième trimestre 2019.

Á première vue, la messe est dite pour l’AT-6 Wolverine Texan II… Mais d’après Defense News, qui cite de nouveau Ann Stefanek, un avis similaire sera prochainement adressé à Beechcraft Corp. « Nous avons toujours l’intention d’acheter deux ou trois appareils de chaque type pour effectuer davantage d’essais », a-t-elle insisté.

A priori, le programme OA-X n’est donc pas menacé, d’autant plus que l’US Air Force a demandé 35 millions de dollars supplémentaires au Congrès pour continuer à tester les avions en lice au cours de l’exercice 2020. Cela étant, un tel processus prend énormément de temps : le général Goldfein a indiqué, en mars, que le vainqueur de ce duel ne sera pas connu avant 2022, voire, au pire, 2024.

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