Le Qatar a livré 24 véhicules blindés Storm Light APC au Burkina Faso
Dans la brouille qui oppose le Qatar à l’Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis, les pays africains n’ont pas tous adopté la même attitude. Ainsi, au sein du G5 Sahel, le Tchad, la Mauritanie et le Niger ont rappelé leur ambassadeur de Doha quand ils n’ont pas simplement interrompu leurs relations diplomatiques avec l’émirat. En revanche, le Mali et le Burkina Faso ne sont pas allés dans cette voie, préférent appeler au dialogue plutôt que de suivre leurs partenaires.
A priori, Doha leur en sait gré. En décembre, pour les besoins de ses forces armées [FAMa], le Mali a ainsi reçu 24 blindés de type Storm Light APC, produits le constructeur quatari STARK MOTORS. Ces véhicules, conçus à partir d’un châssis de Toyota Land Cruiser 79 et pouvant transporter jusqu’à 10 [8+2] soldats, furent livrés par trois avions militaires de transport C-17.
Et, cinq mois plus tard, Ouagadougou a eu droit a la même faveur, avec la livraison, le 8 mai, de 24 Storm Light APC. L’annonce en a été faite par le ministère qatari de la Défense. Ce dernier a présenté ce don comme une contribution de Doha à « la consolidation de la paix et de la stabilité » au Burkina Faso ainsi qu’aux « efforts internationaux visant lutter contre le terrorisme » dans le cadre du G5 Sahel.
« Cette contribution vient renforcer la logistique des forces armées nationales et permettra de combattre l’adversité dans laquelle le pays vit depuis quelques années », a déclaré Chérif Sy, le ministre burkinabè de la Défense.
جمهورية بوركينافاسو تستقبل شحنة آليات نقل جنود دعم من القوات المسلحة القطرية pic.twitter.com/mE8XvJqsca
— وزارة الدفاع – دولة قطر (@MOD_Qatar) 8 mai 2019
Outre ces blindés fournis par le Qatar, le Burkina Faso peut aussi compter sur la France pour équiper ses forces armées. En décembre dernier, le ministère des Armées avait annoncé la livraison prochaine de 34 pick-up armés. Ces derniers s’ajouteront à ceux déjà fournis par Paris en octobre 2017 [13 pick-up produits par Technamm, en plus de 4 camions, de postes de transmission et de matériel de campagne].
Cela étant, le Burkina Faso est considéré comme étant le maillon faible du G5 Sahel dans le combat contre les organisations jihadistes. Le nord et l’est du pays sont régulièrement le théâtre d’attaques terroristes, avec, à la clé, des tensions inter-ethniques. Plus inquiétant encore, on constate une dégradation sécuritaire dans les pays voisins, comme par exemple au Bénin, où deux ressortissants français ont été enlevés [et leur guide mutilé et tué] alors qu’ils visitaient e parc de la Pendjari.
En outre, la Force conjointe du G5 Sahel, qui aurait dû être déclarée pleinement opérationnelle en mars 2018, peine à obtenir les moyens qui lui ont été pourtant promis. Ce qui préoccupe Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies.
« Une pleine opérationnalisation de la Force conjointe G5-Sahel ne sera possible que si elle reçoit un soutien constant et prévisible », a en effet estimé M. Guterres, dans un rapport auquel l’AFP a eu accès. Aussi a-t-il demandé qu’elle puisse bénéficier de ressources financières des Nations unies et d’un mandat sous chapitre 7, lequel prévoit le recours à la force.
« Même si un tel mandat ne garantit pas un financement automatique » des Nations unies, « il donnera à la Force conjointe une légitimité politique supplémentaire que cette initiative importante mérite », a fait valoir M. Guterres, qui a de nouveau exprimé sa « profonde préoccupation devant la détérioration de la situation sécuritaire » au Mali et dans la région sahélienne.