Libye : Un Mirage F1 aurait été abattu par les forces du maréchal Haftar

Durant les années 1970, la Libye commanda auprès de la France une trentaine d’avions de combat Mirage F1, dont des F1-AD [attaque au sol et reconnaissance] et des F1-ED [défense aérienne]. Et lors de la visite controversée du colonel Kadhafi à Paris, en 2007, un contrat d’une valeur de 100 millions d’euros fut signé pour remettre en état et moderniser 12 de ces appareils.

Les évènements de 2011 contrarièrent ce programme, étant donné que seulement quatre avions étaient opérationnels au début de l’insurrection libyenne. Et les pilotes de deux d’entre-eux firent défection et allèrent se poser à Malte.

Depuis, il est difficile d’avoir une idée précise du nombre de Mirage F1 libyens encore en état de vol. En premier lieu, les deux camps qui s’affrontent depuis 2014 en disposent. Et, a priori, d’autres exemplaires ont été remis en état, malgré l’embargo sur les armes qui s’applique à la Libye.

Fin connaisseur des forces en présence, Arnaud Delalande estime que seulement trois Mirage F1 ED/AD seraient actuellement opérationnels : deux au sein de l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Haftar [F1-ED n°515 et F1-AD n°402] et un seul serait mis en oeuvre par l’aviation du gouvernement d’unité national [le GNA, soutenu notamment les milices de Misrata]. Histoire de corser le tout, il faut démêler le vrai du faux dans les communiqués publiés par l’un ou l’autre camp pour annoncer qu’il a abattu un avion appartenant à son adversaire…

Quoi qu’il en soit, tout porte à croire que l’aviation du GNA a perdu son unique Mirage F1-AD [n°508] ce 7 mai. En effet, l’ANL a annoncé l’avoir abattu dans la région d’al-Hira, à 70 km au sud de Tripoli. Son pilote, présenté comme étant un « mercenaire portugais » a pu s’éjecter. Apparemment légèrement blessé à la tête, selon les vidéos publiées via les réseaux sociaux, il a été fait prisonnier. En outre, il a indiqué avoir 29 ans et répondu qu’on lui avait « demandé de détruire des routes et des ponts » dans le cadre d’un contrat civil.

D’autres vidéos montrent ce pilote présumé portugais recevoir des soins aux côté du général Abdessalem al-Hassi, le commandant des opérations militaires de l’ANL dans la région ouest.

Cela étant, on ignore pourquoi ce Mirage F1 s’est écrasé. Si l’ANL assure qu’il a été abattu, aucune vidéo n’a pour le moment été produite pour le prouver, contrairement pour le MiG-21 « descendu » par des miliciens disant soutenir le GNA, en avril dernier. Seules des images de l’épave ont été diffusées.

Par ailleurs, l’aviation portugaise n’ayant jamais été dotée de Mirage F1, il peut être curieux que l’ANL ait capturé un pilote… portugais. Pour Arnaud Delalande, ce n’est pas si surprenant : un aviateur de la même nationalité, Jose Lopez Horta, a perdu la vie aux commandes d’un Mirage F1 lors d’une mission à Syrte, en 2016.

Un porte-parole du ministère portugais de la Défense, interrogé par l’AFP, a assuré qu' »aucun pilote de l’armée de l’air portugaise n’est porté disparu, que [la force aérienne portugaire] n’est pas actuellement en mission en Libye et ne possède pas de Mirage F1 au sein de sa flotte »

L’aviation du GNA a recours depuis longtemps aux services de pilotes mercenaires et de techniciens étrangers. Le recrutement de ces derniers est passé [et passe toujours?] par des sociétés urkranienne [comme Amber Tiger Company] et jordanienne [Caravana Middle-East].

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