Le gouvernement néerlandais veut plus d’informations pour choisir le futur sous-marin de ses forces navales

Il faudra faire preuve d’un peu de patience pour connaître les industriels qui seront les finalistes de la procédure que le ministère néerlandais de la Défense a lancée pour remplacer les quatre sous-marins de type Walrus actuellement en service au sein de ses forces navales.

En effet, dans un courrier adressé au Parlement, la secrétaire d’État à la Défense, Barbara Visser, a prévenu qu’aucune décision ne serait prise au printemps, comme attendu car une « étude plus approfondie » des offres soumises doit être menée jusqu’à l’été prochain.

Ainsi, il s’agit de classer les propositions des quatre concurrents en lice en fonction de la part du contrat qu’ils entendent laisser aux industriels locaux, conformément à la nouvelle stratégie relative à l’industrie néerlandaise de défense, publiée en novembre dernier.

« Les Pays-Bas ont l’ambition de concevoir et de produire eux-mêmes certaines capacités militaire. Aussi, nous tiendrons compte des capacités et des éventuelles limites des industries déjà présentes aux Pays-Bas. […] Par exemple, nous voulons préserver et renforcer notre industrie de la construction navale. Nous voulons aussi développer nos propres capteurs [radars, capteurs acoustiques] dans la mesure du possible », indique ce document.

Dans sa lette aux parlementaires, Mme Visser a expliqué que le choix se ferait, entre autres, « sur le type de sous-marin souhaité, le nombre à acheter, le budget disponible à cet effet » et en « fonction de la stratégie d’achat. »

Pour rappel, les Pays-Bas veulent se procurer des sous-marins océanique à propulsion classique pour des missions de renseignement, voire de frappe avec des missiles de croisière. La valeur de ce marché [appelé WRES pour « Walrus Replacement Programme »] est évaluée à environ 2,5 milliards d’euros. Un pactole que visent Damen, Naval Group, ThyssenKrupp Marine Systems [TKMS] et Navantia.

Évidemment, Damen, allié au suédois Kockums [filiale de Saab], fait figure de favori. En mars dernier, cette alliance a fait valoir que le sous-marin qu’elle entendait proposer serait conforme aux spécifications de la marine royale des Pays-Bas, en expliquant qu’il combinerait les capacités du submersible suédois A26 et la technologie néerlandaise. En outre, il « mettra en pratique l’expérience de la classe de sous-marins Walrus [de conception néerlandaise, ndlr] et celle du sous-marin de la classe Collins, conçu en Suède pour la marine australienne », a expliqué Saab.

Cependant, avec un sous-marin de la famille [shortfin] « Barracuda », le français Naval Group, a quelques atouts dans sa manche. Atouts que la ministre des Armées, Florence Parly, ne manquera sans doute pas de souligner lors de son déplacement aux Pays-Bas, ce 6 mai.

En février, Naval Group a conclu un partenariat avec l’industriel néerlandais Royal IHC, après avoir construit un « réseau solide de plus de 70 partenaires industriels et centres de recherche », selon Hervé Guillou, son Pdg. « Nous unissons nos forces avec Royal IHC pour aider le ministère néerlandais de la Défense à se procurer les sous-marins les plus performants susceptibles de répondre aux besoins spécifiques d’un partenaire de premier plan de l’Otan », avait insisté ce dernier.

La construction des sous-marins se ferait aux Pays-Bas, ce qui permettrait le maintien et la création de 5.000 emplois, selon Royal IHC et Naval Group, cités par le quotiden De Telegraaf. Un chiffre que remet en cause l’allemand TKMS.

Son Pdg, Rolf Wirtz, a en effet affirmé que son groupe emploie 6.000 personnes, alors qu’il « fait bien plus que construire des sous-marins ». Aussi, « que vont faire ces 5.000 salariés » et « dans quelle mesure cet emploi sera-t-il durable? », s’est-il demandé dans les colonnes du quotidien néerlandais.

La stratégie de TKMS est de mettre en avant les économies d’échelles possibles dans le cadre d’un achat groupé de ses sous-marins U-212NG par l’Allemagne, la Norvège, la Pologne et… les Pays-Bas.
Par ailleurs, le constructeur allemand propose de confier la construction et les opérations de maintenance des U-212NG à la compagnie « Marinebedrijf », qui a repris les activités sous-marines de la RDM [Rotterdamsche Droogdok Maatschappij], et promis de partager les technologies clés de ses navires, comme il l’a fait avec la Corée du Sud… qui vend désormais des sous-marins à l’Indonésie.

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