Airbus envisage de saisir la justice pour contester l’embargo allemand sur les ventes d’armes à Riyad

En mars, le gouvernement allemand a décidé de prolonger son embargo sur les ventes d’armes à Riyad au moins jusqu’au 30 septembre pour les équipements totalement produits en Allemagne. Et, s’agissant des « programmes communautaires dont la licence a expiré », Berlin a décidé que « les autorisations collectives d’exportation liées à l’Arabie saoudite et aux Émirats Arabes Unis seront prolongés de neuf mois [donc jusqu’au 31 décembre 2019] sous réserve des consultations requises avec les partenaires au cours de cette période. »

Et cela ne fait pas les affaires d’Airbus. Le 30 avril, l’industriel a indiqué que « la suspension prolongée des licences d’exportation de matériels de défense à l’Arabie saoudite » par Berlin avait eu un « impact négatif » de 190 millions d’euros sur ses comptes. Et il s’ajouterait à cette somme 83 millions d’euros de plus, « liés à l’écart de comptabilisation des paiements avant livraisons et aux réévaluations bilancielles. » Résultat : son résultat net affiche une forte baisse au premier trimestre.

Aussi, selon Der Spiegel, Airbus envisagerait de présenter la note au gouvernement allemand en contestant la prolongation de l’embargo devant les tribunaux. D’autant plus que les contrats actuellement bloqués par Berlin concernent la sécurité intérieure et non les capacités militaires saoudiennes.

En effet, Airbus n’est actuellement pas en mesure d’honorer une commande passée en 2009 par Riyad pour un « système intégré et global » de sécurisation des 9.000 km de frontières du royaume, composé de radars, de détecteurs de personnes et de réseaux de télécommunications chiffrés. Même chose pour un contrant portant sur la livraison de 23 hélicoptères H145 destinés au ministère saoudien de l’Intérieur.

« Du point de vue d’Airbus, ces deux projets sont légitimes car ce ne ne sont pas des armes de guerre classiques telles que des chars ou des avions de combat ou encore des systèmes pouvant être utilisés contre la population civile saoudienne », explique Der Spiegel.

Cet embargo est « non seulement dommageable pour notre activité, mais également incompréhensible pour un actionnaire d’Airbus tel que le gouvernement fédéral », a fait valoir Dirk Hoke, le Pdg d’Airbus Defence & Space.

« Le comportement du gouvernement fédéral fait qu’Airbus ne peut pas honorer les contrats existants avec ses clients », a insisté M. Hoke. D’où l’option « juridique » envisagée par l’industriel.

Par ailleurs, d’autres programmes militaires auxquels Airbus participe sont actuellement bloqués par la décision de Berlin. C’est ainsi le cas des avions ravitailleurs A330-MRTT et les appareils de transport CASA C295. Mais aussi celui des 48 chasseurs Typhoon commandés par Riyad auprès du Royaume-Uni [il fait partie du consortium Eurofighter, aux côtés de BAE Systems et Leonardo] et des missiles produits par MBDA, dont il est actionnaire.

Également impacté par l’embargo sur les armes destinées à l’Arabie Saoudite, Rheinmetall avait également fait part de son intention de de demander des comptes au gouvernement allemand via une procédure de justice.

Photo : H145 (c) Airbus

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