Allemagne : Garder les chasseurs-bombardiers Tornado jusqu’en 2030 coûterait 9 milliards d’euros

Afin de remplacer les 93 chasseurs-bombardiers Panavia Tornado de sa force aérienne [Luftwaffe] d’ici 2025, l’Allemagne a lancé une procédure afin d’acquérir, le cas échéants, de nouveaux avions. Ce qui s’avère délicat étant donné que le modèle d’appareil qui sera choisi devra être en mesure d’assurer des missions nucléaires pour le compte de l’Otan.

Au débat, quatre type d’avions ont été envisagés : le F-35A de Lockheed-Martin, le F-15 SE ainsi que le F/A-18 Super Hornet de Boeing et la dernière version de l’Eurofighter Typhoon.

Finalement, le F-35A et le F-15SE ont été écartés en janvier dernier. La décision de faire l’impasse sur l’avion de Lockheed-Martin s’explique en grande partie par la participation de l’Allemagne au projet de Système de combat aérien du futur [SCAF], proposé par la France. Le Pdg d’Airbus Defence & Space, Dirk Hoke, avait d’ailleurs prévenu : le choix de cet appareil aurait « tué » toute coopération avec Paris sur les questions d’avions de combat.

Pour le moment, donc, il reste au moins deux options à Berlin : le F/A-18 Super Hornet et l’Eurofighter Typhoon [tranche 4]. Le problème est que ni l’un ni l’autre ne sont certifiés pour emporter la bombe nucléaire tactique B-61, comme l’exige l’engagement allemand auprès de l’Otan. Et pour Washington, le F-35 sera, quoi qu’il arrive, prioritaire. Ce qui suppose qu’une telle procédure prendra beaucoup de temps.

Dans le même temps, la candidature du F-35A ne manque pas de soutiens. En janvier, le député libéral-démocrate [FDP] Marcus Faber s’était fendu d’un long plaidoyer dans les colonnes du quotidien Die Zeit en faveur d’un achat de 35 à 40 exemplaires de l’avion de Lockheed-Martin.

« De nombreux pays, du Japon à Israël en passant par la Belgique, ont déjà opté pour le F-35. La dépendance technologique vis-à-vis des États-Unis doit être temporairement acceptée, même à l’époque d’un président comme Donald Trump », avait estimé M. Faber.

Reste que tant que la Luftwaffe n’aura pas d’avions capables de mettre en oeuvre la bombe B-61, elle devra garder ses Tornado. D’où les questions au sujet de l’approvisionnement en pièces détachées, et donc de leur maintien en condition opérationnelle [MCO], sachant que la Royal Air Force et Aeronautica Militare ont retiré les leurs [ou sont sur le point de le faire] du service.

Et c’est justement ce point que le FDP a voulu éclaircir en demandant une évaluation des coûts que supposerait le maintien des Tornado au sein de la Luftwaffe jusqu’en 2030.

Selon l’agence Reuters, qui a pu avoir accès à cette évaluation réalisée par le ministère allemand de la Défense, la prolongation des 93 Tornado coûterait près de 9 milliards d’euros, dont 3,2 milliards rien que pour l’approvisionnement en pièces détachées.

Le coût d’exploitation de ces appareils jusqu’en 2035 n’a pas été évalué par le ministère de la Défense, malgré la demande des députés allemands. Mais, avance Reuters, certains ont confié qu’il faudrait dépenser 100 millions d’euros de plus par avion, ce qui reviendrait plus cher que d’acquérir de nouveaux appareils.

Cela étant, tous les Tornado ne sont pas « câblés » pour réaliser des missions nucléaires. Aussi, ne conserver que ceux qui le sont permettrait de réduire la note. En attendant, le taux de disponibilité de ces appareils ne dépasserait pas les 40%.

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