La Royal Navy prépare un important déploiement en mer Baltique
« Baltic Protector ». Tel est le nom de la mission qu’est en train de planifier l’état-major de la Royal Navy, dans le cadre de la Force expéditionnaire commune [Joint Expeditionary Force, JEF], mise en place par le Royaume-Uni avec le concours de six membres de l’Otan [Danemark, Pays-Bas, Norvège, Estonie, Lettonie et Lituanie] ainsi que celui de la Suède et de la Finlande.
En effet, en mai prochain, plus de 2.000 marins et Royal Marines britanniques mettront le cap vers la Baltique pour une série d’exercices multinationaux qui impliqueront une vingtaine de navires et 3.000 militaires au total.
Il s’agira, pour l’essentiel, d’effectuer des manoeuvres dans le domaine du combat amphibie. Sans doute que les scénarios consisteront à reprendre par la force une île de la région occupée par une force hostile…
« Premier déploiement du groupe d’intervention maritime de la JEF, Baltic Protector comportera trois exercices principaux » et visera à « tester la capacité des forces britanniques et celles des pays partenaires à opérer ensemble », a précisé le ministère britannique de la Défense [MoD]. Et bien qu’il soit « axé sur la mer, la British Army et la Royal Air Force y participeront également », a-t-il ajouté.
De son côté, la Royal Navy a précisé que l’objectif est surtout de « démontrer la capacité des participants à mobiliser des forces à court terme, à les déployer et à se battre côte à côte pour protéger l’Europe en cette période de menace accrue. »
Au regard du nombre de navires concernés [plus de 20], il « pourrait s’agir de la plus grande force dirigée par la Royal Navy et envoyée dans la Baltique depuis la fin de la Première Guerre mondiale », a-t-elle ajouté. Le HMS Albion en sera le « navire amiral ».
Les pays de la région redoutent les visées de la Russie. Ce qui a conduit la Finlande et la Suède à considérer une éventuelle adhésion à l’Otan ainsi qu’à revoir leur politique de défense. Ou encore les pays baltes à bénéficier de mesures de « réassurance » prises par l’Alliance.
« La remilitarisation de la région [Baltique], suscitée par la posture de Moscou, s’est généralisée à l’ensemble des États riverains. La Russie a développé une politique d’affirmation de sa puissance et d’intimidation stratégique, incluant déploiement militaire, menace et usage de la force sur plusieurs théâtres [Géorgie, Ukraine, Syrie] et violations du droit international, en particulier avec l’annexion de la Crimée. […] Cette reconstruction agressive de la puissance russe s’inscrit par ailleurs dans une logique de constitution d’une ‘ceinture stratégique’ qui s’étend de l’Arctique au Moyen-Orient », notait ainsi récemment une étude de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie [DGRIS] du ministère français des Armées.
Aussi, pour le ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson, le Royaume-Uni doit répondre présent, surtout à l’heure où les modalites du Brexit sont encore très incertaines.
« Alors que la Grande-Bretagne se prépare à quitter l’UE, notre engagement indéfectible en faveur de la sécurité et de la stabilité en Europe est plus important que jamais », a en effet soouligné M. Williamson. « Le déploiement de nos marins et de nos marines en la mer Baltique, aux côtés de nos alliés internationaux, souligne fermement le rôle de premier plan de la Grande-Bretagne en Europe », a-t-il fait valoir.
Photo : Royal Navy