Otan : Pour Washington, l’attitude de Berlin est « inacceptable »

Étant donné que sa planification budgétaire l’éloigne de son engagement pris en 2018 auprès de l’Otan de porter ses dépenses militaires à 1,5% de son PIB, l’Allemagne a de nouveau eu droit à une remontrance, en début de semaine, de Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique.

« Je m’attends à ce qu’ils [les Allemands] respectent leurs engagements en matière de dépenses et ils ont soumis à l’Otan un plan national dans lequel ils décrivent comment augmenter concrètement les dépenses de défense de 80% en une décennie », a en effet déclaré l’ancien Premier ministre norvégien.

Ayant l’habitude de ce genre de remarque, surtout depuis que Donald Trump est à la Maison Blanche, le gouvernement allemand a relativisé la portée des propos de M. Stoltenberg, expliquant qu’il ne fallait pas prendre cette planification budgétaire au pied de la lettre et que la Bundeswehr restait l’un des plus importants contributeurs de l’Otan.

Mais pour Washington, venant d’un pays dont l’économie est la plus prospère de la zone euro, cette explication est un peu courte. D’où les mots de Mike Pence, le vice-président américain, à l’occasion du 70e anniversaire de l’Otan, à Washington.

Si « beaucoup de nos alliés respectent leurs engagements financiers [des dépenses militaires équivalentes à 2% du PIB à l’horizon 2024, ndlr], d’autres, trop nombreux, n’y sont pas encore et nous savons tous que l’Allemagne est la première en cause », a lancé M. Pence. En outre, a-t-il insisté, ce pays a « profité de la protection américaine en Europe durant des générations » et les « faiblesses » de ses forces armées sont « flagrantes ». Et ce ne sont pas les récents rapports du commissaire parlementaire auprès de la Bundeswehr qui diront le contraire…

« Et pourtant, l’Allemagne refuse toujours aujourd’hui de faire les investissements nécessaires », a ensuite dénoncé M. Pence, avant de souligner que Berlin risque même de ne pas tenir son engagement de porter ses dépenses militaires à 1,5% de son PIB.

Puis le vice-président américain a repris un argument déjà exposé par Donald Trump lors du dernier sommet de l’Otan, organisé en juillet 2018 à Bruxelles. « Nous ne pouvons pas assurer la défense de l’Occident si nos alliés deviennent de plus en plus dépendants de la Russie », a-t-il dit, en évoquant le projet de gazouc Nord Stream 2, lequel divise aussi les Européens.

« Si l’Allemagne persiste dans la construction du gazoduc Nord Stream 2 », elle « va littéralement devenir prisonnière de la Russie », a fait valoir Mike Pence. Aussi, a-t-il ajouté, « il est tout simplement inacceptable que la première économie européenne continue d’ignorer la menace d’agression russe et néglige sa propre défense et notre défense commune. »

À Bruxelles, l’an passé, M. Trump avait dit quasiment la même chose. « L’Allemagne est complètement contrôlée par la Russie […] elle est prisonnière de la Russie. […] Elle paie des milliards de dollars à la Russie pour ses approvisionnements en énergie et nous devons payer pour la protéger contre la Russie. Comment expliquer cela ? Ce n’est pas juste », s’était-il offusqué.

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