L’Inde va acquérir 24 hélicoptères de lutte anti-sous-marine MH-60 pour environ 2,6 milliards de dollars
Dans le cadre du projet des « nouvelles routes de la soie » et de la stratégie dite du « collier de perles », la marine chinoise se déploie de en plus souvant dans l’océan Indien, espace qui représente 25% du trafic maritime national. Et cela vaut aussi pour ses sous-marins, ce qui inquiète l’état-major indien.
« Au cours des deux dernières années, on a observé de plus en plus de sous-marins chinois dans la région, notamment à propulsion nucléaire », relevait, en novembre dernier, le journal indien Economic Times.
Le plus souvent, Pékin justifie la présence de ses navires militaires dans l’océan indien par la nécessité de lutter contre la piraterie maritime, en particulier dans le golfe d’Aden. Mais pour New Delhi, le déploiement de sous-marins nucléaires [d’attaque] ne se justifie pas pour lutter contre les pirogues des pirates somaliens. « Les équipages chinois feraient des efforts considérables pour collecter des données hydrologiques et bathymétriques afin d’affiner leurs procédures opérationnelles », notait encore le même journal indien.
Quoi qu’il en soit, la marine indienne est plutôt démunie pour ce qui concerne la lutte anti-sous-marine [ASM]. Et cela, estime The Economic Times, « principalement à cause des deux décennies perdues au cours desquelles le pays a ignoré sa flotte sous-marine et n’a pas placé de commandes à temps, ce qui a perturbé les calendriers de livraison. »
Qui plus est, l’Indian Navy dispose d’une flotte d’hélicoptères dédiés à la lutte ASM à la fois ancienne et hétérogène, avec des Ka-28 d’origine russe et des S-61 Sea King américains. En décembre 2014, New Delhi annonça son intention de se procurer 16 appareils de type S-70B [+8 en option] auprès de Sikorsky. Ayant été écarté de ce marché, le consortium NHIndustries, qui avait proposé le NH-90 NFH, pouvait relativiser la perte de ce marché puisque la procédure fut annulé plus tard, au nom de la politique « Make in India » du gouvernement Modi.
La « menace » chinoise se précisant au fil du temps, l’Indian Navy n’a désormais plus le temps d’attendre. En novembre dernier, les autorités indiennes sollicitèrent Washington pour acquérir, dans le cadre des Foreign Military Sales, 24 exemplaire de l’hélicoptère MH-60R « Seahawk ». En service au sein de l’US Navy, cet appareil est doté de senseurs dernier cri, d’un système FLIR [Forward looking infrared], d’un sonar acoustique à longue portée, d’un radar multi-mode et de torpilles Mk-54.
Seulement, peu avant, New Delhi avait confirmé l’achat de cinq systèmes russes de défense aérienne S-400 « Triumph » pour environ 5,5 milliards de dollars. Plus tard, il a même été annoncé la location d’un second sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] de type Akula auprès de la Russie. De quoi l’exposer à des sanctions américaines, au titre de la loi CAATSA [ Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act].
Mais, visiblement, l’Inde n’aura pas le même traitement que la Turquie, qui a fait un choix identique de pour sa défense aérienne. En effet, si Washington entend suspendre la livraison d’avions F-35A à Ankara, New Delhi bénéficie d’un tout autre traitement. Notamment en raison de sa position face à Pékin.
Ainsi, dans un avis rendu le 2 avril, la Defense Security Cooperation Agency, chargée des exportations de matériels militaires américains, a recommandé au Congrès d’approuver la vente à l’Inde de 24 hélicoptères MH-60R « Seahawk » pour un « un coût estimé à 2,6 milliards de dollars. » Cette somme comprend les appareils, des pièces détachées, des bouées acoustiques, des torpilles Mk-54, des missiles Hellfire ainsi que d’autres types de munitions.
« La vente proposée donnera à l’Inde la capacité d’effectuer des missions de guerre anti-surface et anti-sous-marine, ainsi que la possibilité d’effectuer des missions secondaires [ravitaillement, recherche et sauvetage, relais de communication, ndlr]. L’Inde utilisera cette capacité renforcée pour dissuader les menaces régionales et renforcer sa défense intérieure. [Elle] n’aura aucune difficulté à intégrer ces hélicoptères à ses forces armées », précise la DSCA dans son avis.
Ce contrat, s’il est effectivement signé, « va soutenir la politique étrangère et la sécurité nationale des États-Unis en aidant à renforcer les relations stratégiques américano-indiennes et en améliorant la sécurité d’un partenaire majeur en matière de défense », plaide encore l’agence américaine, qui estime que « l’équilibre militaire dans la région » ne s’en trouvera pas modifié par cette vente.
Photo : Lockheed-Martin