L’Allemagne reste de marbre devant les reproches de l’Otan au sujet de ses dépenses militaires

Selon la planification budgétaire publiée par le ministre allemand des Finances, le social-démocrate Olaf Scholz, Berlin ne tiendra pas son engagement, pris auprès de l’Otan, de porter le niveau de ses dépenses militaires à 1,5% du PIB d’ici 2025. En effet, d’après les prévisions, le budget de la Bundeswehr ne représentera que 1,25% du PIB en 2023… Ce qui suppose qu’un effort significatif devra être fait durant les deux années suivantes pour atteindre un objectif pourtant encore bien éloigné des 2% du PIB, que l’Allemagne avait accepté en 2014, lors du sommet de Newport.

Pourtant, et alors que les premiers chiffres de cette planification budgétaire commençaient à circuler officieusement, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, n’avait pas manqué de rappeler l’Allemagne à ses promesses. « Je m’attends à plus. Je m’attends à d’autres augmentations », avait-il dit, le 15 mars.

Aussi, à la veille du 70e anniversaire de l’Otan, célébré à Washington, M. Stoltenberg est revenu à la charge. « J’attends de l’Allemagne qu’elle respecte l’engagement pris avec tous les autres alliés de l’Otan », a-t-il de nouveau lancé, le 1er avril, depuis le siège de l’Alliance, à Bruxelles. « Je m’attends à ce qu’ils [les Allemands] respectent leurs engagements en matière de dépenses et ils ont soumis à l’Otan un plan national dans lequel ils décrivent comment augmenter concrètement les dépenses de défense de 80% en une décennie », a-t-il insisté.

À New York, où l’avion gouvernemental A340 « Konrad Adenauer » à bord duquel il se trouvait a connu un énième avarie après son atterrissage, Heiko Maas, le ministre allemande des Affaires étrangères, a relativisé l’injonction de M. Stoltenberg, et, plus généralement, la pression des États-Unis.

« Les Européens savent que nous devons assumer davantage de responsabilités pour notre sécurité. C’est dans notre propre intérêt. C’est pourquoi, en Allemagne, nous avons augmenté nos dépenses de défense de près de 40% depuis 2014 », a affirmé M. Maas, devant l’American Council on Germany [ACG]. « Et notre budget de la défense continuera à augmenter. D’ici 2024, il atteindra un 1,5% de notre PIB », a-t-il assuré.

Dans un entretien donné à la radio publique Deutschlandfunk, la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, a avancé que l’Allemagne tiendrait son engagement de porter ses dépenses militaires à 1,5% du PIB d’ici cinq ans. « Nous sommes sur la bonne voie », a-t-elle dit, rappelant que le budget de la Bundeswehr avait connu un « creux absolu » avant 2014.

« Cette soi-disant planification financière à moyen a en effet toujours besoin d’être expliquée à nos alliés. Si vous regarder les dernières années, depuis le sommet du Pays de Galles, les sommes que nous investissons chaque année ont toujours été bien supérieures à celles initialement prévue », a ensuite expliqué la ministre allemande.

En clair, a-t-elle continué, avant d’admettre qu’elle avait toutefois espéré davantage de moyens, la planification financière à moyen terme est « toujours très réservée » et « pour moi, ce qui compte, c’est ce qui sera réellement investi dans l’année en cours ou dans celle qui s’annonce. »

Au sein de l’Otan, il existe la règle des trois « C » : cash, capacités, contribution. S’agissant de la première, le compte n’y est pas pour l’Allemagne, qui ne respecte pas la seconde non plus puisque ses investissements en matière d’équipements militaires n’est que de 14,1% de son budget militaire [la norme est de 20%, ndlr]. Aussi, Mme von der Leyen a insisté sur la troisième, c’est à dire l’engagement de la Bundeswehr.

« Il existe un […] argument très solide. […] Ce n’est pas seulement une question de pourcentage, de combien d’argent vous investissez. C’est aussi une qustion de qui fait quoi au sein de l’Otan. Et l’Allemagne est en bonne place », a fait valoir Mme von der Leyen.

« Nous sommes le deuxième plus gros contributeur de l’Otan en matière de troupes. Pendant de très nombreuses années, nous avons été le deuxième plus gros contributeur de triupes en Afghanistan. Nous le deuxième contributeur net à la structure de l’Otan. Nous sommes le seul pays d’Europe continentale à occuper le devant de la scène dans les États baltes [l’Allemagne est « nation-cadre » d’un bataillon multinational en Lituanie, ndlr] », a ainsi rappelé la ministre allemande.

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