Le Venezuela et la Russie ont inauguré un centre de formation dédié au pilotage d’hélicoptères militaires

L’arrivée au Venezuela, la semaine passée, de 99 militaires russes, avec 35 tonnes de matériel n’en finit pas de faire des vagues. Critiquée par l’opposition vénézuélienne, qui l’estime contraire à la Constitution du pays, elle est fermement dénoncée par les États-Unis, qui soutiennent Juan Guaido, le principal opposant au président Nicolas Maduro, lequel peut se prévaloir de l’appui de la Russie [et de la Chine].

Après des échanges verbaux « incisifs » entre le département d’État et la diplomatie russie, puis entre la Maison Blanche et le Kremlin, John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, est revenu à la charge, le 29 mars.

« Le gouvernement [américain] condamne l’utilisation par Nicolas Maduro de militaires étrangers afin d’essayer de rester au pouvoir, en particulier l’introduction de soldats et de matériel russes au Venezuela », a en effet affirmé M. Bolton, via un communiqué. Et de prévenir : « Nous mettons fortement en garde les acteurs extérieurs contre le déploiement d’actifs militaires au Venezuela […] avec l’intention d’établir – ou d’étendre – leurs opérations militaires », estimant que de tels « actes de provocation » pourraient être considérés comme une « menace directe à la paix et à la sécurité dans la région ».

Selon Moscou, l’envoi de ces militaires, commandés par le général Vassili Tonkochkourov, le chef des forces terrestres russes, a été fait dans le cadre « des accords signés dans le domaine de la coopération technique et militaire » avec Caracas. Et ils resteront au Venezuela « aussi longtemps que nécessaire. »

Le représentant spécial des États-Unis pour le Venezuela, Elliott Abrams, a en quelque sorte confirmé la mission de ces militaires russes. « Une des choses qu’ils semblent faire, et nous pensons cela depuis le tout début, c’est aider le régime avec son système de missiles sol-air S-300 qui a apparemment été complètement détraqué par les coupures d’électricité », a-t-il expliqué à des journalistes.

Effectivement, entre 1999 et 2013, années pendant lesquelles le colonel Hugo Chavez a été au pouvoir, le Venezuela s’est tourné vers la Russie pour équiper ses forces armées, qui, jusqu’alors, s’approvisionnaient auprès des États-Unis et des Européens [dont la France, qui leur a livré des chars AMX-30]. Et son successeur ne fait que poursuivre cette politique.

« Pour qui est-ce un secret que le Venezuela a une coopération technico-militaire [avec la Russie] depuis 2001? Personne ne doit s’inquiéter. Nous coopérons tout simplement », a fait valoir le général Vladimir Padrino, le ministre vénézuélien de la Défense. « C’est une coopération entre égaux, entre partenaires stratégiques, Russie-Venezuela. Nous voudrions avoir des relations de coopération avec les Etats-Unis, mais comme nous ne sommes pas des esclaves […] nous n’avons pas pu », a-t-il ajouté.

Cette arrivée de militaires russes à Caracas est-elle liée? Toujours est-il que, le 29 mars, Rosoboronexport, la société publique russe chargée des ventes d’armements, a annoncé l’inauguration d’un centre de formation pour pilotes d’hélicoptères militaires au Venezuela. Des « spécialistes russes et vénézuéliens » ont assisté à la cérémonie, a précisé Viatcheslav Davydenko, un porte-parole, cité par l’agence Interfax.

« Les capacités de ce centre permettront aux pilotes vénézuéliens d’avoir une formation complète au fonctionnement et à l’utilisation des hélicoptères Mi-17V-5, Mi-35M et Mi-26T dans des conditions proches de la réalité », a encore expliqué M. Davydenko. Et il permettra de rendre « la préparation des pilotes plus sûre et efficace, et permettra d’économiser considérablement les dépenses pour leur formation », a-t-il ajouté.

Photo : Mil Mi-26T

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