Le ton monte entre les États-Unis et la Russie au sujet de la présence de militaires russes au Venezuela

« Il semble que [le gouvernement du Venezuela] n’ait pas confiance en ses propres militaires, car il les fait venir de l’étranger », a lancé Juan Guaido, le principal opposant à Nicolas Maduro, le président vénézélien, au sujet de l’arrivée de 99 soldats russes à Caracas, le 24 mars. Et d’estimer que ce déploiement est une « violation » de la Constitution du pays.

En effet, selon l’article 187 de ce texte, la venue de militaires étrangers au Venezuela doit être préalablement approuvée par l’Assemblée nationale, laquelle est actuellement contrôlée par l’opposition incarnée par M. Guaido. Mais comme cette dernière n’a plus de prérogatives [elles ont été transférées à une Assemblée constituante], son rejet, « à l’unanimité », de « la présence de militaires russes au Venezuela », vue comme une « ingérence », n’aura guère d’effet…

Cela étant, ce déploiement de militaires russes a été vivement critiqué par Washington, qui a pris fait et cause pour M. Guaido, lequel s’est autoproclamé « président par intérim » le 23 janvier dernier, ainsi que par le groupe de Lima, qui réunissant le Canada et 13 pays latino-américains, a exprimé sa « préoccupation » et « condamné toute provocation. »

Cela étant, Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, a prévenu son homologue russe, Sergueï Lavrov, que les États-Unis ne resteraient pas les « bras croisés » si la Russie mettait de l’huile sur le feu au Venezuela.

La réponse de Moscou ne s’est pas faite attendre, M. Lavrov ayant, à son tour, accusé Washington de vouloir organiser un « coup d’État » pour renverser Nicolas Maduro.

Recevant, à la Maison Blanche, l’épouse de Juan Guaido, le président Trump est ensuite revenu à la charge. « La Russie doit partir », a-t-il lancé. Pas question! a rétorqué Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe.

Ainsi, a-t-elle fait valoir, ces « spécialistes » militaires russes envoyés à Caracas « s’occupent de l’application des accords signés dans le domaine de la coopération technique et militaire. » Et ils y resteront « le temps qu’il leur faudra », c’est à dire « aussi longtemps que nécessaire au gouvernement du Venezuela? »

« La Russie n’a rien enfreint, ni les accords internationaux, ni le droit vénézuélien. Elle ne change pas l’équilibre des forces dans la région et ne menace personne à la différence » des États-Unis, a ensuite poursuivi Mme Zakharova.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a pris le même angle pour répondre au président américain. « Nous ne pensons pas que des pays tiers aient à s’inquiéter de nos liens bilatéraux », a-t-il dit. Et d’insister ; « Nous ne nous ingérons d’aucune manière dans les affaires intérieures du Venezuela et nous attendons des autres pays qu’ils suivent notre exemple et laissent les Vénézuéliens décider eux-mêmes de leur destin ».

De son côté, l’attaché militaire de l’ambassade du Venezuela en Russie, José Rafael Torrealba Pérez, a assuré « qu’il n’est question que de coopération militaire et technique » et que la « présence militaire russe n’est en aucun cas liée à la possible conduite d’opérations militaires. »

Pour rappel, la Russie est le 2e investisseur étranger [derrière la Chine, ndlr] au Venezuela, qui dispose de vastes réserves pétrolières. Et les deux pays ont renforcé leur coopération militaire au cours de ces dernières années, au point, est-il dit, que Moscou envisagerait d’établir une base sur l’île de La Orchila, située à seulement 2.000 km des États-Unis.

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