La Russie envoie une centaine de militaires et 35 tonnes de matériel au Venezuela

Cela fait maintenant deux mois que Juan Guaido, le principal opposant au régime de Nicolas Maduro, s’est auto-proclamé président par intérim du Venezuela, avec le soutien des Occidentaux, États-Unis en tête. Et, depuis, la situation politique du pays n’a guère évolué.

Dans un premier temps, avec l’aide de Washington et de Bogota, M. Guaido tenta d’acheminer de l’aide humanitaire pour répondre à la détresse médicale, alimentaire et sanitaire de la population vénézuélienne, confrontée à une inflation galopante. Mais cette tentative se solda par un échec, le président Maduro s’y étant opposé. Mieux : il annonça la rupture des relations diplomatiques avec la Colombie.

Puis, début mars, une panne d’électricité géante a plongé le pays dans le chaos pendant plusieurs jours. Bénéficiant du soutien indéfectible de la Russie et de la Chine, le régime de M. Maduro dénonça des attaques « cybernétiques » et « électromagnétiques » contre la centrale de Gurri menées par les États-Unis afin de justifier une intervention militaire. Et, dans le même élan, une enquête fut ouverte contre M. Guaido pour son « implication présumée dans le sabotage électrique du Venezuela. » En réponse, ce dernier dénonça « la négligence » et la « corruption » des autorités en place pour expliquer ce désastre.

Puis, la semaine passée, Roberto Marrero, le bras droit de M. Guaido, a été arrêté et envoyé à l’Hélicoïde, la pire prison du Venezuela, pour détention d’armes. En outre, il est accusé d’être « directement responsable de l’organisation de plusieurs groupes criminels » et de préparer des « opérations terroristes », avec de l’argent de l’État bloqué par les sanctions américaines.

Pour l’opposition vénézuélienne, il ne s’agit rien d’autre que d’une tentative d’intimidation du pouvoir à son égard. Mais, plus tard, M. Maduro a enfoncé le clou en accusant Juan Guaido de préparer un « plan » pour l’assassiner. « Nous n’aurons pas peur d’envoyer ces délinquants en prison », a-t-il poursuivi, en qualifiant le parti d’opposition Voluntad Popular de « groupe terroriste. »

C’est donc dans ce contexte que, le 24 mars, que deux avions russes – un Antonov An-124 et un Iliouchine Il-62 – ont atterri à l’aéroport international « Simon Bolivar », près de Caracas. Ces deux avions ont acheminé « 99 militaires et 35 tonnes de matériel, sous le commandement du chef des forces terrestres de Russie, le général Vasily Tonkoshkurove », a précisé ensuite l’agence russe Sputnik.

Selon cette dernière, ces vols « n’ont rien de mystérieux » puisque les soldats russes ont été envoyés à Caracas dans le cadre de la « coopération technique et militaire » entre la Russie et le Venezuela.

Pour rappel, alors que M. Guaido venait de s’autoproclamer président par interim, la présence de mercenaires russes fut signalée à Caracas. Le site Lenta.ru avait précisé qu’ils étaient arrivés au Venezuela par deux « vols charters » ayant fait une escale à Cuba. D’après Reuters, un chef cosaque avança même le chiffre de 400 paramilitaires. Toutefois, cette information fut démentie par le porte-parole du Kremlin.

Reste que Moscou aurait beaucoup à perdre en cas de changement de régime à Caracas. Deuxième investisseur étranger au Venezuela, la Russie y a également renforcé ses liens militaires, avec l’intention, est-il avancé, de pouvoir disposer d’une base dur l’île de La Orchila, située à 2.000 kilomètres des États-Unis.

Photo : AN-124 (c) Ralf Manteufel, via Wikimedia

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